Au moment de publier leurs prévisions de croissance pour 2025 en décembre dernier, les principaux instituts de recherches conjoncturelles étaient assez optimistes après une année 2024 un peu molle, avec une progression du PIB de 1% environ. UBS anticipait une hausse de 1,3%, le BAK et le KOF de 1,4%, le Seco de 1,5%, et la BNS donnait une fourchette entre 1% et 1,5%.
De même, les prévisions d’inflation tablaient sur la continuation de la baisse engagée en 2023: 0,5% pour le Seco et le KOF, alors que la BNS a abaissé la sienne à 0,3% après avoir réduit son taux d’intérêt directeur en décembre dernier. Cette réduction des attentes inflationnistes a même réveillé en fin d’année dernière la crainte, auprès de plusieurs spécialistes, d’un retour de la déflation sur le mode de la fin des années 2010.
En dépit de ces perspectives réjouissantes dans l’ensemble, les experts s’attendent à une hausse du chômage, actuellement de 2,6% (chiffres de décembre). Le Seco anticipe un taux de 2,7% (sans les chômeurs de longue durée) pour cette année, et même de 2,8% pour le KOF. Ce dernier prévoit, pour la statistique incluant les chômeurs de longue durée, un taux de 4,7% au lieu des 4,5% enregistrés au 3e trimestre.
En termes qualitatifs, le KOF note que «les plaintes concernant le manque de main-d’œuvre adaptée diminuent à nouveau sensiblement dans le secteur des autres services. La problématique perd également un peu de son intensité dans le commerce de gros et l’industrie manufacturière.» Ce qui signifie que les progressions salariales devraient être à nouveau plus contenues.
Les raisons avancées sont d’une part la persistance de la croissance économique faible en Europe, premier partenaire commercial de la Suisse, et les incertitudes sur la croissance économique mondiale. L’industrie manufacturière est particulièrement pessimiste. En revanche, la croissance reste soutenue par la consommation des ménages.
Cette incertitude quant à la croissance s’est fortement accrue avec l’intensification des politiques protectionnistes et le déclenchement de guerres commerciales, en particulier par les Etats-Unis depuis l’entrée en fonction de la nouvelle administration présidentielle.
Ces guerres commerciales doivent avoir pour effet de renchérir de larges gammes de produits et de services, ce qui ralentira les échanges et permettra une résurgence de l’inflation. A l’heure de mettre ce magazine sous presse, aucun grand organisme de prévision économique n’a publié de projections à la lumière de la nouvelle réalité. yg