La chute des bourses du tout début août était provoquée essentiellement par la peur d’un ralentissement brutal de l’économie américaine causée par la lenteur de la baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale. Or, cette crainte se trouve infirmée par les statistiques et les prévisions économiques.
Pour les Etats-Unis d’abord: le PIB poursuit sa croissance. Les chiffres préliminaires au 2e trimestre faisaient état d’un rebond de 2,8% par rapport au précédent et les données révisées attendues le 29 août devraient être même supérieures, selon le consensus des analystes. Néanmoins, la pression s’est accrue sur la Fed pour que celle-ci abaisse ses taux lors de la prochaine décision de politique monétaire les 17 et 18 septembre, ce qui contribuerait, pense-t-on, à relancer la conjoncture.
Pour la zone euro ensuite: les chiffres de la croissance du PIB pour le 2e trimestre se sont révélés légèrement supérieurs aux attentes à 0,3%. Presque tous les pays font même mieux que prévu, à commencer par la France et l’Italie. La déception est venue de l’économe allemande, qui, à -0,1% de croissance, démontre que le pays ne parvient pas à sortir de la crise causée par la hausse des prix de l’énergie début 2022.
En Suisse, l’effet le plus visible et le plus immédiat de la chute boursière (et de son rebond consécutif) a été un nouveau renforcement du franc: la première semaine d’août, il a progressé de près de 3% par rapport à l’euro et de plus de 4% par rapport au dollar. Immédiatement, les appels à l’intervention de la BNS pour en faire baisser le cours ont été lancés, notamment par Swissmem, l’association de l’industrie des machines. Selon l’agence Reuters, la BNS a effectivement vendu des francs, contribuant à une baisse de son cours.
Le chiffre du 2e trimestre de la croissance du PIB ne sera publié que le 9 septembre. Toutefois, le consensus des experts l’attend au moins au même niveau (+0,3% par rapport au trimestre précédent) qu’au premier trimestre, voire légèrement au-dessus. Cela devrait permettre à l’économie d’afficher en 2024 une croissance annuelle de 1,4% comme prévu, c’est-à-dire un peu supérieure à ce qu’elle fut en 2023.
Plusieurs indicateurs plaident dans ce sens: le marché du travail ne se porte pas trop mal. Les créations d’emploi au premier trimestre s’étaient montées à 0,6%, en accélération depuis le milieu de l’année précédente. Le taux de chômage mesuré selon les critères du BIT (et donc comparables aux autres pays) s’était certes légèrement redressé à 4,3% au 1er trimestre au lieu de 4,2%. Mais ces chiffres mesurés d’après les critères du Seco (sans les chômeurs de longue durée) sont stables à 2,3%. Le nombre total de chômeurs et de demandeurs d’emploi a pourtant légèrement augmenté, confirmation de la modestie du redressement conjoncturel.