Après s’être marié et être devenu père en 2015, un lecteur fribourgeois a mis de l’ordre dans ses couvertures d’assurance. Il décide alors de convertir deux polices d’assurance vie Flexifonds conclues en 2007 et 2008 avec Baloise dans de nouveaux produits mêlant risque et épargne auprès du même assureur, Baloise Safe Plan (3a).
Motif de ce changement : les deux anciennes polices, dont les avoirs étaient investis dans un fonds de placement, ne contenaient pas de prestations garanties en cas de décès ou à l’échéance. Lors d’un entretien que notre lecteur a alors eu avec un agent de Baloise, «Le responsable m'avait avoué qu'il avait été parfois mal à l'aise en expliquant à des clients que la somme qui leur était versée était inférieure à la somme des primes épargne payées!».
En revanche, le nouveau produit Baloise Safe Plan (3a) couvre explicitement les risques en plus de constituer une épargne.
Chères primes
Toutefois, notre lecteur s’interroge: doit-il mettre fin à sa couverture d’assurance et placer son avoir sur des comptes de pilier 3a bancaires? La transformation de ses contrats il y a bientôt neuf ans a certes apporté des clarifications: il connaît la valeur de ses assurances à l’échéance. La première, à échéance novembre 2045, sera de 99 070 fr. La seconde, à échéance novembre 2046 (soit une année de plus), cette valeur s’élèvera à 68 087 fr.
Pour y parvenir, il devra payer 3381,50 fr. de prime annuelle pour constituer l’épargne de son premier contrat d’assurance. Sur 30 ans, cela correspond à une somme de 101 445 fr.,
- C’est-à-dire 2375 fr. de plus que le capital qu’il touchera à l’échéance de son contrat.
- Les conditions du second contrat sont similaires: il doit s’acquitter de primes annuelles pour la partie épargne de 2300,30 fr. Soit, sur 31 ans, la somme de 71 309,30 fr..
- C’est à dire 3222,30 fr. de plus que le montant qu’il touchera à l’échéance du contrat.
Risques payés en plus
Les primes payées pour les deux contrats ne couvrent pas les parties risque (destiné à couvrir les indemnités à verser en cas de décès, par exemple) et les frais. Pour en connaître le montant, il faut prendre les factures de primes annuelles totales et en déduire la part qui revient contractuellement à la partie épargne.
En 2023, les primes de risque et de frais se montaient respectivement à 273,20 fr. et à 475,50 fr., selon les factures annuelles reçues par notre lecteur. Les parts attribuées aux risques et celles qui couvrent les frais ne sont pas précisées.
- La part des primes qui bénéficie à l’assuré n’est donc pas claire.
Excédents limités
L’assureur fait bénéficier à son client d’une participation aux excédents. Pour le second contrat, elle se monte à 1839,70 fr., ce qui permet d’estimer un taux d’intérêt composé annuel de 0,3% depuis la conclusion de la première police en 2008. Pour le premier contrat, la participation aux excédents est de 1670,20 fr., qui permet d’estimer le taux d’intérêt composé annuel autour de 0,2% depuis la conclusion de la première police en 2008.
- Ces taux de rendement sont donc nettement inférieurs à la rémunération des comptes bancaires de pilier 3a, selon la liste publiée sur monargentmag.ch.
Rien n’indique que ces rendements se maintiendront à l’avenir. Pour calculer les excédents, Baloise s’appuie sur une méthode indicielle, selon les explications sur les produits. L’indice de référence, nommé «Indice Baloise Global Trends 5% CHF», réplique la performance d’un portefeuille d’actifs très diversifiés (des actions et des obligations bien sûr, mais aussi des matières premières et des devises étrangères) dont l’objectif n’est pas la maximisation du rendement mais la limitation des évolutions de la valeur (désignée comme la volatilité dans le jargon financier).
Si cette volatilité est supérieure à un certain seuil – 5% le cas présent – le portefeuille est ajusté selon un algorithme qui vise à réduire les variations. Le portefeuille est donc protégé des baisses trop fortes des marchés financiers. Mais sa capacité à suivre les hausses des bourses est limitée, voire rendue impossible.
- Le potentiel de plus-value de l’avoir est donc bridé.
Une valeur de rachat mystérieuse
Et si notre lecteur ne pouvait pas attendre l’échéance de ses deux contrats en 2045 et 2046 pour toucher son avoir, à combien ce dernier se monterait-il? Les assurances vie ont l’obligation de communiquer cette information à leurs clients. Notre lecteur a néanmoins dû les demander pour les obtenir.
La valeur de rachat de son premier contrat se monte à 37 614 fr., y compris la participation aux excédents et l’avoir accumulé dans son ancienne police. Celle de son second contrat est de 48 810 fr., y compris la participation aux excédents et l’avoir accumulé dans son ancienne police.
- Dans les deux cas, la valeur de rachat est inférieure aux totaux des primes épargnes contractuelles conclues en 2015, tout en sachant que les anciennes polices avaient des valeur de rachat supérieures au montant des primes payées.
On vous conseille
Si l’on veut conclure une police d’assurance-vie, il existe un calcul simple pour savoir si celle-ci sera rentable ou pas: multiplier la prime annuelle dévolue à l’épargne par le nombre d’années prévues par le contrat et comparer le résultat avec la valeur de rachat prévue à l’échéance. Si cette dernière est proche ou, pire, inférieure à la somme des primes, mieux vaut choisir une autre forme d’épargne, comme un compte de pilier 3a auprès d’une banque, ou placer dans des ETF (lire l'article "Tout savoir sur les fonds négociés en bourse").