Un lecteur retraité argovien avait investi 50 000 fr. dans des obligations émises par Sunvesta, une entreprise zurichoise active dans l’immobilier. Le remboursement de ces obligations aurait dû avoir lieu le 1er mai 2022. A ce jour, il n’a reçu que des intérêts mais pas le montant de son investissement.
Sunvesta Holding AG à Thalwil (ZH) promet sur son site internet de «développer un complexe de villas et d’appartements (pour acquisition en propriété) à Guanacaste, sur la côte Pacifique nord du Costa Rica».
L’actionnaire majoritaire de Sunvesta est Max Rössler, lit-on encore sur le site de la société. Investisseur connu, il a présidé l’EPFZ en 2013 et siège à son Conseil d’honneur. Un prix de recherche pour jeunes professeurs d’un montant de 200 000 fr. porte même son nom. Il était, jusqu’au 4 avril dernier, le plus gros actionnaire individuel d’Implenia avec 16,5% du capital via sa société Parmino Holding. Lorsqu’il les a vendues, ses actions valaient quelque 100 millions de francs.
Intérêt élevé
Notre lecteur avait déjà investi dans Sunvesta et tout s’était bien passé. C’est pourquoi il n’a pas hésité lorsqu’il a reçu en octobre 2018 une nouvelle offre du président du conseil d’administration de Sunvesta, Hans Rigendinger: convertir un prêt de trois ans, qui arrivait à échéance, en un prêt échéant le 1er mai 2022. En échange, le taux d’intérêt était relevé à 6,5%. Notre lecteur a investi 50 000 fr. dans cette nouvelle affaire.
Au début, tout se passait bien: les intérêts étaient versés et l’achèvement du projet immobilier confirmé pour fin 2022. Mais à l’échéance du prêt, notre lecteur n’a pas été remboursé. Depuis lors, malgré l’engagement contraire de Sunvesta, il n’en a toujours pas revu la couleur.
Sursis concordataire
Il pourrait bien ne jamais le revoir: Sunvesta risque de s’effondrer. La société a demandé au Tribunal de district de Horgen (ZH) un sursis concordataire, une action de dernier recours lorsqu’une entreprise ne parvient pas à honorer ses dettes. Ce dernier lui a été accordé jusqu’au 4 juin 2024. A la date de la mise sous presse, le sort de la société n’était pas encore connu. Mais il est probable que Max Rössler l’ait au moins partiellement assainie avec les liquidités obtenues de la vente de ses actions Imprenia.
Max Rössler a eu désormais jusqu’à cette date pour assainir son entreprise ou trouver un accord avec ses créanciers, ce qui risque d’entraîner des pertes pour les investisseurs.
Notre lecteur n’est donc pas assuré de revoir l’entier de son investissement. Son exemple montre le caractère risqué d’un placement dans une entreprise non cotée en bourse: il n’y a généralement pas de marché pour pouvoir vendre les titres.
Christian Bütikofer / yg