Selon les brochures promotionnelles, investir un avoir de troisième pilier dans un fonds de placement spécialement prévu à cet effet, c’est tout bénéfice pour le client. L’argent est placé dans des titres dont la valeur doit augmenter avec les années plutôt que d’être déposé sur un simple compte d’épargne aux taux d’intérêt rachitiques.
Ce gonflement de l’avoir doit permettre à l’épargnant, au moment d’en avoir besoin (pour acheter un logement ou partir à la retraite) de disposer de davantage de moyens que s’il avait simplement laissé son argent sur un compte de troisième pilier ordinaire. Telle est la promesse.
La réalité est bien différente. Au lieu de gonfler tranquillement, les avoirs stagnent, voire diminuent. Au premier abord, c’est incompréhensible: sur plusieurs années, la bourse monte.
Ce que le client ne remarque pas, ou insuffisamment, ce sont les frais. Rien ne l’y incite, du reste, tant ils ont l’air négligeables: quelques francs pour l’ouverture d’un compte, quelques autres pour le refermer (mais c’est dans un futur tellement lointain qu’on n’y pense même pas), et des prélèvements de quelques dixièmes de pourcents pour assurer la gestion.
Comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, l’addition de ces petits frais aboutit à de grosses dépenses: plusieurs centaines de francs par an, plusieurs milliers de francs sur la durée d’un tel dépôt. Dans nombre de cas, le total des frais est supérieur aux gains réalisés par le placement.
Le constat est le même avec un compte de dépôt ou de placement ordinaire: les frais drainent une part non négligeable des gains. Mais la spécificité du 3e pilier, ce sont des frais plus élevés.
Pour résumer, mettre son argent dans un fonds de placement de troisième pilier peut être une affaire payante pour l’épargnant qui prend le risque d’investir dans un fonds susceptible de rapporter assez gros pour couvrir les frais. Mais un tel fonds peut aussi perdre gros. Investir, c’est donc faire un pari. Pour la banque au contraire, vendre de tels fonds de placement, c’est la promesse de gains garantis. A l’épargnant de choisir s’il veut garder cet argent ou le donner à son gérant.
Yves Genier, Rédacteur en chef
Lire le dossier «Les gains des fonds de 3e pilier dévorés par les frais»