Un contrat fort décevant
ASSURANCE-VIE Le contrat d’un lecteur est arrivé à échéance. Les attentes sont loin d’être satisfaites.
Sommaire
Mon Argent 01-2022
23.11.2022
Dernière mise à jour:
25.11.2022
Yves Genier
En 2012, un lecteur conclut un contrat d’assurance de capital «liée à un indice» avec Helvetia. Ce produit, nommé «Helvetia Value Trend», combine un placement d’épargne avec une couverture risque en cas de décès. Contre versement de 50 000 francs, notre lecteur obtient la garantie de toucher 54 813 francs après dix ans, somme que ses survivants toucheront s’il décè...
En 2012, un lecteur conclut un contrat d’assurance de capital «liée à un indice» avec Helvetia. Ce produit, nommé «Helvetia Value Trend», combine un placement d’épargne avec une couverture risque en cas de décès. Contre versement de 50 000 francs, notre lecteur obtient la garantie de toucher 54 813 francs après dix ans, somme que ses survivants toucheront s’il décède entre-temps. L’Helvetia promet une «croissance rentable», c’est-à-dire un rendement de 19%, qui porterait la valeur du contrat à 59 500 francs, à laquelle peut s’ajouter un bonus.
La somme assurée doit être placée en suivant l’indice Morgan Stanley Multi-Asset CHF Index, qui «investit un portefeuille globalement diversifié composé d’actifs obligataires, d’actions et de matières premières», selon le site de la banque Morgan Stanley. Le bonus n’est toutefois versé que si l’indice, à l’échéance du contrat, affiche une performance supérieure à 19%. Mais la brochure publicitaire reçue par le lecteur promet une performance de 35% sur la durée du contrat, augurant un bonus de 16%.
Cela semble être le cas, du moins selon l’attestation fiscale reçue fin 2021 par notre lecteur: le capital se monte à 61 884 fr. La performance est donc supérieure à 19% et laisse augurer un bonus. Cet espoir est déçu à l’échéance du contrat le 28 juin suivant: le décompte de prestation indique que l’assurance n’a versé que 56 023 fr., c’est-à-dire une performance de moins de 19%. Pas de bonus, donc. Que s’est-il passé?
- Des frais de près de 8%. L’assurance a retranché des 50 000 fr. de départ une provision couvrant ses coûts de fonctionnement et sa propre couverture de réassurance de 7,78%. La base de calcul pour déterminer les gains en capitaux n’était donc plus de 50 000 fr., mais de 46 108 fr.
- Une promesse non tenue. Plutôt qu’une performance de 35% sur dix ans comme le miroitait la brochure de l’assurance, la performance effective du placement a été de 21,51%. Il ne restait donc plus, comme bonus, qu’un maigre 2,51%. L’assurance justifie cet amaigrissement de la performance par la chute des marchés financiers au printemps dernier.
Les placements dans les produits d’assurance ne mettent pas à l’abri des turbulences des marchés boursiers. De plus, ils contraignent l’épargnant à attendre la fin du contrat pour s’assurer à nouveau de la maîtrise de leur épargne. Le client peut donc être pris au piège de retournements défavorables des marchés boursiers sans pouvoir intervenir.
Christian Bütikofer / yg
Les conseils à retenir
- Pour un placement de longue durée, privilégier les instruments flexibles, qui permettent de réaliser un placement à volonté plutôt que d’être contraint de respecter un délai contractuel.
- La performance d’un placement dans un fonds en actions, ou même d’un fonds diversifié, placé auprès d’une banque, sera moins grevée de frais qu’un placement auprès d’une assurance-vie ou décès.
- Les descendants héritent de toute façon des avoirs de l’épargnant s’ils descendent en ligne directe.