La conjoncture traverse un moment étrange. La croissance de l’économie est faible: 0,5% en Suisse. La zone euro a même tâté de la récession ce printemps à cause de l’affaiblissement de l’économie allemande (-0,1%).
Et pourtant, le chômage a rarement été aussi bas: 4,3% en Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, qui incluent aussi les sans-travail qui ne sont plus inscrits aux offices régionaux de placement (ORP). Et il ne cesse de baisser, précise le Seco, qui ne compte que les personnes inscrites aux ORP. Même chose en zone euro, avec des chiffres plus élevés.
Cette baisse du chômage suit donc une tendance contraire du scénario ordinaire. Normalement, le taux de chômage augmente lorsque la croissance économique baisse. Et cette dernière baisse parce que les taux d’intérêt continuent de monter. Ces derniers grimpent car les banques centrales, dont la Banque nationale suisse (BNS), relèvent leurs taux d’intérêt directeurs depuis plus d’une année. Or, ces derniers renchérissent le coût des emprunts. But: ralentir la croissance pour réduire l’inflation.
Ces efforts ne sont pas terminés car le renchérissement reste élevé. Il affiche encore 2,2% en mai en Suisse, soit un niveau supérieur à la cible que vise la Banque nationale, entre 0% et 2%. Elle est encore de 6,1% en zone euro et de 4% aux Etats-Unis. Aussi les banques centrales restent-elles sur le pied de guerre. La BCE a relevé le 15 juin son principal taux directeur de 0,25% à 4%. La Federal Reserve américaine (la Fed) a certes renoncé à le faire le 14 juin et ses taux restent dans la fourchette de 5% à 5,25%, mais laisse entrevoir au moins deux hausses de 0,25% d’ici la fin de l’année. La BNS se prononce le 22 juin.
Aussi, les prévisions de croissance restent basses, notamment en Suisse. Les experts de la Confédération anticipent une croissance du PIB de 1,1% en Suisse pour l’ensemble de l’année. La BCE a légèrement abaissé ses prévisions de croissance de 0,9% pour cette année. Au niveau mondial, le FMI anticipe un taux de croissance de 2,8% cette année, moins que l’an dernier.