L’économie suisse se trouve sur un plateau conjoncturel. La croissance, mesurée par le produit intérieur brut (PIB) n’évolue guère. Elle devrait se monter à 1,3% cette année et connaître une toute petite hausse à 1,4% l’an prochain, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). L’institut de recherches conjoncturelles KOF, à Zurich, est un peu plus contrasté dans ses prévisions: 1,2% de croissance cette année, 1,5% l’an prochain.
Néanmoins, ce dernier pourrait être amené à réviser sa dernière estimation à la baisse. Il signale en effet une dégradation du climat des affaires. Exprimé en points d’indice, ce dernier recule à 13,3 points dans sa dernière estimation (octobre 2023) alors qu’elle s’élevait à 30,2 points en janvier. Premiers responsables de ce pessimisme accru des milieux d’affaires: le commerce de détail et le secteur de la chimie et de la pharmacie.
Le commerce de détail se prépare à un ralentissement de la consommation des ménages, estimée à +2,3% cette année mais à +1,5% seulement l’an prochain, selon le KOF. Le renchérissement (1,4% en novembre sur un an) a entamé le pouvoir d’achat des ménages alors que les salaires n’avaient pas compensé, pour 2023, la hausse des prix de l’an dernier. A cela s’ajoutent les hausses annoncées ou effectives: loyers, primes d’assurance maladie, électricité dans certaines régions. Même si les salaires doivent augmenter de 1,9% en moyenne en 2024, selon UBS, la progression ne compense pas complètement la hausse des charges des ménages.
La chimie et la pharma redoutent le ralentissement de la conjoncture mondiale et leur pessimisme n’a jamais été aussi grand depuis le début de l’année. Leurs prévisions contrastent toutefois avec les autres secteurs de l’industrie (machines, construction notamment) qui enregistrent toujours de fortes entrées de commandes et s’attendent à une activité soutenue l’an prochain, notamment par la croissance de la population.
La conjoncture mondiale sera marquée, au début de l’an prochain, par le maintien des taux d’intérêt directeurs à des niveaux élevés (1,75% en Suisse, 4,5% en zone euro et º26dans la fourchette entre 5,25% et 5,5% aux Etats-Unis). Ceux-ci ne devraient pas descendre avant l’été, selon les prévisionnistes. L’inflation devrait continuer de s’affaiblir. Mais la croissance de l’économie devrait rester en dessous de la moyenne avec un risque de récession aux Etats-Unis. yg