Ayant perdu son emploi à quelques années de la retraite, un lecteur fribourgeois se laisse convaincre, au printemps 2022, par une employée du courtier Eden Léman Consulting (ELC) à Genève, de transférer les 136 000 fr. de son avoir de libre passage sur un compte de dépôt de la Fondation Pictet de libre passage. Son argent se trouve donc investi dans des titres exposés aux marchés financiers. Or, l’année 2022 a été l’une des pires années de l’histoire boursière.
Six mois plus tard, mauvaise surprise: ce compte a fondu de quelque 22 000 fr., soit une baisse de 16%. Paniqué, notre lecteur transforme son compte de dépôt en compte de libre passage, l’équivalent d’un compte d’épargne bloqué, très faiblement rémunéré. Puis il exige des réparations à ELC à hauteur des 22 000 fr. perdus.
«La courtière m’a présenté une feuille de progression de l’avoir dans l’hypothèse d’un gain de 3,5% chaque année. Cette progression ne montrait pas l’hypothèse d’un recul des marchés, mais juste l’évolution de l’avoir pour les années à venir, avec un gain substantiel», témoigne-t-il. La courtière lui a fait signer un formulaire par lequel il reconnaissait la profession de courtière salariée d’Eden Léman Consulting de son interlocutrice. «Mais je n’ai pas signé de contrat. Je n’en ai pas», avance-t-il.
Sollicitée à plusieurs reprises pour expliciter sa version des faits concernant cette affaire, ELC ne s’est pas exprimée. La Fondation Pictet de libre passage admet de son côté devoir répondre à de nombreuses questions de ses clients suite aux contre-performances des comptes de dépôt de ses clients. Elle note que nombre de clients n’ont pas compris les risques de perte d’avoirs auxquels ils s’exposent en souscrivant à un compte de dépôt.
Elle affirme aussi s’assurer que les règles de travail et le niveau de formation des courtiers avec lesquels elle travaille soient suffisants pour que les exigences légales soient respectées: en l’occurrence, que les courtiers s’assurent que le produit financier qu’ils vendent soit compris de leur client.
Moralité: la loi protège le consommateur, mais jusqu’à une certaine limite. Aussi, il ne doit pas s’engager, par sa signature, dans un placement dont il n’a pas compris toutes les composantes et tous les risques.
Yves Genier