«J’ai vu un mur blanc s’approcher. Et tout de suite après, il s’est mis à grêler», se souvient Beat Räber, propriétaire d’une maison particulière à Wattwil, dans le Toggenbourg saint-gallois. Pendant plus d’un quart d’heure, des grêlons de la taille d’une noisette se sont abattus sur le bâtiment. Il n’a fallu que quelques minutes pour que les environs soient blanchis. Le lendemain, toute cette grêle n’avait pas encore fondu. La tempête du 29 juillet dernier restera dans les mémoires: elle a causé environ 1500 sinistres.
Quelques jours plus tard, Beat Räber se tient sur le toit d’une autre maison de la région, celle de Patrick Coppola. Responsable adjoint des sinistres à l’Assurance immobilière de Saint-Gall, il vient évaluer les dommages causés par cette tempête.
Les constats fusent: «Il y a quelques impacts sur la porte.» L’assureur découvre également des dégâts sur la peinture de la façade en bois, pourtant rénovée deux ans plus tôt seulement. Patrick Coppola abaisse les deux stores à lamelles du côté exposé aux intempéries et signale les nombreuses bosses dans le métal. Räber sort son ruban de mesure de sa poche et mesure les surfaces endommagées.
Le jardin n’est pas couvert
Par chance, la maison, construite 17 ans plus tôt, n’a pas souffert d’infiltrations d’eau. Mais les grêlons ont laissé divers dégâts visibles. Coppola prend des photos des points d’impact à destination de l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments saint-gallois avec le formulaire de déclaration de sinistre dûment rempli.
Pas facile, en revanche, d’estimer les dommages subis par le toit. L’angle est défavorable et empêche une vision précise. Il n’y a pas d’échelle disponible. Aussi, l’inspecteur des sinistres conseille au propriétaire sinistré de faire appel à un couvreur pour vérifier si le toit est endommagé.
Reste un écran antibruit en bois non traité dans le jardin derrière la maison. Celle-ci a également été touchée par la grêle. Mais il n’est pas couvert par l’assurance, au motif que «ce mur se trouve à l’extérieur du bâtiment et fait partie de l’environnement». Si Patrick Coppola avait souscrit une assurance privée pour le bâtiment, celle-ci aurait pu éventuellement prendre le dommage à sa charge.
Forfait esthétique
A l’issue de la visite, l’inspecteur des sinistres tire sa conclusion: il est disproportionné de repeindre la façade en bois et la porte et de remplacer les stores à lamelles. En effet, leur fonctionnement et leur durée de vie n’ont pas été affectés par les impacts de grêle. L’assurance ne remboursera pas une nouvelle peinture ou un remplacement, mais un forfait pour indemniser le dommage esthétique.
Vient l’heure de chiffrer le dommage. Sur la base de l’intensité du dommage, de la taille des surfaces touchées et des prix du marché pour les peintures extérieures et les stores à lamelles, l’inspecteur l’estime à 1250 fr. Après déduction de 200 fr. de franchise, il reste 1050 fr. au propriétaire de la maison sinistrée. En outre, l’inspecteur accorde 500 fr. pour un contrôle du toit. Si ce contrôle révèle des dommages devant être réparés, le propriétaire devrait demander au moins un devis d’un couvreur. Ce n’est qu’après examen de ce document par l’assurance que la réparation du toit pourrait être effectuée.
L’inspecteur fera encore vérifier son évaluation et ses calculs par un collègue selon le principe des quatre yeux. L’indemnisation sera versée sur le compte privé du propriétaire sinistré.
Thomas Lattmann / yg
Monopoles dans certains cantons
La conclusion d’une assurance bâtiment est obligatoire dans 19 cantons. Les exceptions sont Genève, Valais, Tessin et Appenzell Rhodes-Intérieures. La plupart des cantons où l’assurance immobilière est obligatoire attribuent un établissement public monopolistique pour l’assurance immobilière. Genève, Valais, Tessin, Appenzell Rhodes-Intérieures, Obwald, Schwyz et Uri, confient la couverture incendies et intempéries à des assureurs privés, dont les primes sont généralement supérieures à celles des établissements monopolistiques.
Ce que couvre, et ne couvre pas, une assurance bâtiment
- Si un bâtiment est endommagé par un incendie ou un événement naturel, l’assurance bâtiment entre en jeu. Le dommage doit toutefois résulter d’une action soudaine et exceptionnellement violente. Les autres dommages peuvent être couverts par une compagnie privée.
- Sont assurés, avec le bâtiment, les équipements qui font partie du bâtiment ou qui font partie de l’utilisation de base du bâtiment. Généralement, les bornes de recharge pour véhicules électriques, les stores solaires textiles ou les sondes géothermiques en sont exclus. Chaque établissement applique ses propres règles, qui peuvent varier d’un canton à l’autre.
- En principe, les bâtiments sont assurés à la valeur à neuf. L’assurance rembourse donc les frais de reconstruction ou la réparation et le remplacementdes parties endommagées du bâtiment. Mais si un propriétaire néglige son bien immobilier au point de le rendre presque inhabitable, seule la valeur vénale est assurée en cas de sinistre.