Les salaires de nombreux directeurs de banques cantonales ont massivement augmenté au cours des neuf dernières années. Blaise Goetschin, directeur de la Banque cantonale de Genève (BCGE), a touché l’an dernier un salaire annuel, cotisations de l’employeur comprises, de 2,4 millions de francs, selon le rapport annuel. En 2013, sa rémunération totale ne s’élevait qu’à 1,6 million. Saut salarial: 900 000 fr. Elle est la plus élevée d’une banque cantonale romande.
Son ex-collègue, l’ancien directeur général de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) Martin Scholl a, pour sa part, gagné davantage l’an dernier: plus de 2,98 millions de francs. En 2013, son salaire s’élevait encore à environ 1,7 million de francs. Cette augmentation de 1,3≈million est même la plus forte de tous les directeurs de banques cantonales. De plus, Martin Scholl a reçu l’intégralité de son salaire annuel l’an dernier bien qu’il ait quitté l’établissement en août. La ZKB écrit que «le modèle de rémunération est conforme au marché et rémunère selon la performance».
Pascal Kiener, leur collègue de la BCV, faisait l’an dernier partie des trois patrons les mieux payés d’une banque cantonale avec près de 1,98 million de francs, y compris la prise en charge du 2e pilier et des autres charges sociales par la banque. Un bémol néanmoins: sa rémunération était plus élevée en 2013, où elle atteignait, charges comprises, 2,3 millions.
Genève paye sept fois plus
Notre rédaction a comparé les rémunérations des 24 directeurs généraux de banques cantonales depuis 2013. Conclusion, elles ont augmenté dans douze établissements au cours de la décennie. Elles n’ont baissé que dans quatre (Argovie, Thurgovie, Vaud et Zoug). Huit banques cantonales ont refusé d’informer, bien qu’elles appartiennent au contribuable.
Les rémunérations des patrons des banques cantonales sont plus élevées que celles des conseillers d’Etat des cantons propriétaires, sans exception. Ainsi, à Genève, un conseiller d’Etat reçoit 330 000 fr., sept fois moins que le directeur de la BCGE.
Ces salaires élevés suscitent régulièrement des critiques au sein des parlements cantonaux. A Bâle-Campagne par exemple, les Verts demandent que le directeur de la banque cantonale ne puisse pas gagner plus du double de ce que perçoit un conseiller d’État. Cela représenterait tout de même 600 000 fr. par an, mais obligerait John Häfelfinger, l’actuel titulaire du poste, à renoncer à près d’un demi-million de francs de rémunération. En 2014, l’UDC du même canton avait échoué à faire passer la même revendication. Dans d’autres cantons également, les revendications pour un salaire maximal ont fait naufrage, la dernière fois le 17 avril à Zurich.
Seul le canton d’Argovie a plafonné en 2015 la rémunération du directeur de la banque au double de celles d’un conseiller d’Etat. Le premier concerné, Dieter Widmer s’est toutefois dit «satisfait» de son salaire dans la St. Galler Tagblatt. L’an dernier, il a gagné 773 390 fr.