Internet est bien pratique: on trouve en un clin d’œil des informations sur n’importe quel sujet, aussi spécifique soit-il. Les thèmes de l’argent et de la prévoyance sont donc largement couverts sur des réseaux sociaux comme TikTok et Instagram ou encore sur le portail vidéo YouTube. Ces interventions sont l’œuvre d’une catégorie bien précise d’orateurs: les finfluenceurs.
Ce mot-valise est l’assemblage de «finance» et d’«influenceur». Il désigne les personnes qui donnent des conseils sur internet sur les questions d’argent «pour faire part de leur connaissance d’un large éventail de sujets financiers, de la gestion de l’argent aux cryptomonnaies, en passant par les tendances financières, l’établissement d’un budget et les placements», selon l’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI).
Leurs conseils sont généralement présentés de manière amusante et facile à comprendre. Souvent, il n’est même pas nécessaire de lire quoi que ce soit. Il suffit de regarder une vidéo explicative sur YouTube.
Mais ces conseils sont à prendre avec précaution: de nombreux finfluenceurs recommandent des produits pour lesquels ils reçoivent une commission. Faute d’indépendance face aux fournisseurs de produits, leurs présentations sont donc elles-mêmes sous influence. Ils recommandent ce qui remplit leurs propres poches et non ce qui est le plus utile au client.
Une étude du Swiss Finance Institute d’avril 2023 a montré que, dans plus de la moitié des cas, les investisseurs auraient dû faire exactement le contraire de ce que les finfluenceurs avaient recommandé. L’étude analysait les conseils boursiers de 29 000 finfluenceurs sur le réseau social X (ex-Twitter).
L’étude a également montré que les experts qui donnaient les pires conseils avaient la plus grande portée et le plus grand nombre de «followers» (ou «suiveurs», les personnes qui suivent régulièrement leurs contributions). Conclusion: si l’on a besoin de conseils en matière d’argent, ne faites pas confiance au premier youtubeur, tiktokeur ou instagrammeur venu. En cas de doute, adressez-vous à un conseiller financier «ennuyeux» disposant des connaissances nécessaires et de son indépendance, et laissez les finfluenceurs de côté.
Christian Bütikofer