La hausse des dépenses militaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, et exacerbée par la guerre à Gaza menée par Israël depuis octobre 2023, bénéficie en grande partie aux actionnaires des grandes sociétés d’armement.
Le total des dépenses militaires se montait à 2169 milliards de francs l’an dernier, en hausse de 13% depuis 2021, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Les Etats-Unis y ont contribué pour 813 milliards de francs. La Chine pour 263 milliards, les principaux pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pologne et Royaume-Uni) pour 262 milliards, la Russie pour 97 milliards, l’Ukraine pour 57 milliards, Israël pour 24 milliards et la Suisse pour 6 milliards de francs.
Payés par le contribuable
Ces coûts sont supportés par les contribuables de ces pays et alimentent les caisses des sociétés d’armement. Cela fait parfois grimper les prix de leurs actions dans des proportions gigantesques. Ce sont les actionnaires de l’entreprise allemande Rheinmetall qui ont réalisé le plus gros gain. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022 jusqu’à début mai 2024, leurs titres sont passés de 88 à 480 euros, soit une multiplication par plus de quatre. Le plus gros actionnaire individuel est la banque française Société Générale avec une part de 11%. Avec une participation de 3,83%, l’UBS fait partie des sept plus gros actionnaires du groupe allemand.
Les actions du groupe d’armement suédois Saab ont plus que triplé par rapport à leur valeur d’il y a deux ans. Les actionnaires du groupe d’armement italien Leonardo ont vu la valeur de leur placement plus que doubler (voir tableau ci-dessous).
En Suisse aussi
Une entreprise suisse profite également des commandes passées au groupe d’armement américain General Dynamics (plus 37,8%): Mowag, à Kreuzlingen (TG), filiale de l’entreprise américaine depuis 2003. Ses 800 employés produisent des véhicules blindés comme le Piranha ou l’Eagle. Un tel véhicule blindé a fait sensation l’année dernière lorsqu’il a été aperçu en Ukraine. Il aurait atteint la zone de guerre via le Danemark et l’Allemagne, sans autorisation d’exportation.
Le boom des actions des groupes d’armement est surtout alimenté par le réarmement en Europe. Selon le Sipri, les importations d’armes des Etats européens ont augmenté de 94% entre 2019 et 2023, par rapport aux cinq années précédentes. Plus de la moitié des achats d’armes ont été faits aux Etats-Unis.
L’impact des sanctions
Le deuxième plus grand exportateur d’armes est la France, le troisième étant la Russie. Les exportations de cette dernière ont baissé d’environ 53%. En raison des sanctions des Etats-Unis et de l’UE, la Russie a vu le nombre de ses clients chuter. Mais elle conserve l’Inde, le plus grand importateur d’armes du monde, qui lui a acheté 36% de ses armes entre 2019 et 2023.
Israël achète 30% de ses armes à l’Allemagne et 70% aux Etats-Unis. En 2023, le gouvernement allemand a autorisé des exportations d’armes d’une valeur de 317 millions de francs vers Israël, dix fois plus qu’en 2022. Toutefois, le plus grand destinataire d’armes allemandes est l’Ukraine.
Max Fischer / yg