En dépit de la remontée des taux d’intérêt et des rendements des placements financiers, les coffres gardent leurs attraits. Le contenu de ce que l’on y place demeure la propriété du client, si bien qu’il échappe aux affres d’une faillite bancaire.
Il est immédiatement disponible, ce qui peut être pratique en cas de grosse dépense. Enfin, il permet de conserver son or. Près d’un détenteur de lingots d’or sur deux en Suisse fait garder son métal précieux dans un coffre auprès d’une banque ou d’un négociant spécialisé, selon une étude de l’Université de Saint-Gall publiée en octobre dernier.
Banques meilleur marché
Qui, entre les premières et les seconds, offre la solution la plus avantageuse? Notre rédaction a comparé les prix et les prestations de dix entreprises spécialisées dans la location de coffres-forts et de sept banques importantes, à l’exception de Postfinance, qui n’en loue pas. Il en ressort que:
- En termes de prix, les banques sont généralement meilleur marché. Pour le plus petit compartiment de coffre-fort disponible, elles facturent entre 54,05 fr. (Banque cantonale de Saint-Gall) et 155 fr. (BCGE) par an. Pour les entreprises indépendantes des banques, la fourchette de prix s’étend de 64,86 fr. (Zahlebiiger.ch) à 700 fr. (Helvetic Secura). Le tarif de la fiduciaire argovienne Zahlebiiger.ch constitue toutefois une exception. Si on la laisse de côté, la prestation la moins chère d’un acteur non bancaire coûte 210 fr. par an (Safes Fidelity).
- Les banques exigent des détenteurs de coffres qu’ils ouvrent un compte d’épargne ou privé. En revanche, les clients des entreprises indépendantes ne se voient imposer aucune condition particulière. Seul Geiger Edelmetalle exige un investissement minimum de 10 000 fr. en métaux précieux. L’absence d’obligation d’ouvrir un compte est particulièrement avantageuse pour les clients domiciliés à l’étranger. En effet, ils devraient généralement payer un supplément de plusieurs centaines de francs pour un compte bancaire.
- Les banques précisent qu’elles apportent le même soin à la sécurité de leurs coffres-forts qu’à celle de leurs propres valeurs. Elles répondent des dommages causés par le non-respect de ce devoir de diligence, mais leur responsabilité ne va pas plus loin. En d’autres termes, les titulaires d’un coffre qui souhaitent assurer le contenu contre le vol, l’incendie et les dégâts d’eau doivent prendre l’assurance en charge eux-mêmes. Cela est généralement possible par le biais d’une extension de l’assurance ménage. Les vols commis en mars dernier dans le safe loué par une entreprise spécialisée à Genève ou à la banque Raiffeisen de Bâle en 2018 le montrent: les coffres-forts des banques ne sont pas sûrs à cent pour cent. Aussi, la majorité des entreprises spécialisées indépendantes proposent à leurs clients une assurance couvrant le vol avec effraction, le brigandage, les dégâts d’eau, le vandalisme, l’incendie et les dommages naturels. Le prix de location de Degussa, Herculis et Swiss Gold Safe comprend une assurance de base jusqu’à une certaine valeur. Elle peut être étendue. Les primes annuelles vont de 0,1 à 1% de la valeur stockée.
- L’accès aux coffres-forts est régi de manière différente. Dans les banques, il est normalement garanti pendant les heures d’ouverture des guichets. Dans certaines succursales bancaires, les clients peuvent accéder aux coffres à des heures d’ouverture élargies, voire 24 heures sur 24. Pour bénéficier de cet avantage, les titulaires de coffres doivent payer un supplément. Les entreprises indépendantes ne permettent généralement, elles aussi, d’accéder à leurs coffres qu’aux heures de bureau. Certaines entreprises, comme Helvetic Secura, accordent l’accès 24 heures sur 24, mais uniquement sur rendez-vous. Elles sont toutefois plus chères que les autres.
La sécurité avant tout
Selon Stefan Anderegg, d’Helvetic Secura à Ittigen près de Berne, les titulaires de coffres-forts indépendants des banques ne cherchent pas à cacher des objets de valeur. «L’argent sale ne joue pratiquement plus aucun rôle», dit-il. Si de nombreux clients misent sur une solution indépendante des banques, c’est parce qu’ils se méfient des banques et des gouvernements.
Ludwig Karl, de Swiss Gold Safe à Altdorf (UR), ajoute que les coffres-forts indépendants des banques sont également accessibles en cas d’urgence ou de crise bancaire. L’argument principal de ces entreprises spécialisées est la sécurité. Les entreprises les plus chères affirment que leurs mesures de sécurité vont généralement au-delà des normes des banques. Dans le cas de Swiss Gold Safe et Helvetic Secura, ce souci va si loin qu’elles ne communiquent l’emplacement exact des coffres qu’aux personnes qui souscrivent une location.
Les safes d’Helvetic Secura, par exemple, se trouvent dans la région du col du Brünig, entre les cantons de Berne et d’Unterwald, dans un ancien bunker secret, explique Stefan Anderegg. La porte d’entrée pèse trois tonnes et est protégée par un système de reconnaissance biométrique. Elle est surveillée 24 heures sur 24 par des agents de sécurité. Ceux d’Arcaé se trouvent, explique le site internet de l’entreprise nyonnaise, «dans un quartier calme et dans les anciens locaux d’une banque».
Thomas Lattmann / yg