Un lecteur bâlois a conclu en mars 2007 auprès d’Allianz une assurance vie liée à des fonds dans le cadre de la prévoyance liée 3a. Durée prévue: 20 ans et 10 mois. S’il devait décéder avant la fin du contrat en décembre 2027, ses survivants recevraient au moins 55 458 fr.
En contrepartie, notre lecteur s’acquitte de primes annuelles depuis 16 ans. L’assurance en déduit une partie pour les prestations de risque décès et incapacité de gain ainsi qu’une partie pour ses frais. Le reste constitue ce que l’on appelle la prime d’investissement, qui est investie dans des parts de fonds en tant que partie épargne. Cette dernière composante de ces primes bénéficie des avantages fiscaux liés au pilier 3a.
Un fonds qui fond
Fin 2022, notre lecteur a remarqué que l’avoir en fonds avait diminué pour la première fois depuis le début de l’assurance. Alors que l’avoir en fonds était encore de 42 157,30 fr. en 2021, il n’était plus que de 36 743,86 fr. en 2022, soit plus de 5400 francs de moins. Daum est déstabilisé et s’adresse à notre rédaction. «Sur quel montant puis-je compter après la fin de mon contrat?», veut-il savoir. Jusqu’à fin 2022, notre lecteur avait payé 47 944 fr. de primes à Allianz, c’est-à-dire bien plus que son avoir en fonds.
L’assurance investit toute la part d’épargne 3a de notre lecteur dans un fonds de la banque Pictet, le «Pictet Funds (CH) – LPP-40-P». Chaque année, Allianz achète pour lui des parts de fonds. Fin 2021, une part valait 1587,19 fr. En 2022, les bourses ont connu de fortes fluctuations et les cours des actions ont baissé dans leur ensemble. C’est pourquoi la valeur d’une part de fonds est descendue à 1318,86 fr. à la fin de cette année. Ainsi, même si les parts de fonds augmentent, il y a toujours une perte.
Un coup d’œil sur le site Swiss Fund Data (Swissfunddata.ch), qui rassemble les données des fonds de placement commercialisés en Suisse, n’augure rien de bon. On y voit tout de suite que le fonds Pictet maigrit depuis longtemps. Ces cinq dernières années, sa performance globale a été négative: -0,9%. Le niveau relativement élevé des frais (TER), 0,93% par an, est également responsable de cette situation.
Anticipation impossible
Contrairement à ce qui se passe habituellement avec de nombreuses assurances mixtes de ce type, notre lecteur ne reçoit pas de montant garanti de la part d’Allianz en «cas de vie» (c’est-à-dire s’il est encore en vie à la fin du contrat). Il reçoit la valeur du fonds Pictet à l’échéance de son contrat.
Notre lecteur ne peut donc pas anticiper ce qu’Allianz lui versera fin 2027. S’il n’a pas de chance – par exemple, une mauvaise année boursière en 2027 – il pourrait subir de nouvelles pertes. Et ce, avec des primes annuelles inchangées. En cas de mauvaise année finale, notre lecteur ne peut pas non plus laisser passer les pertes et ne résilier le contrat que plus tard, lorsque la situation boursière s’améliore.
Face à ces entraves contractuelles et à la mauvaise performance de sa part d’épargne, notre lecteur envisage de résilier son contrat peu avant son échéance, ou de «libérer les primes», c’est-à-dire de cesser de les payer et se contenter de ce qu’il aura déjà.
Les frais demeurent
Mais les deux options sont mauvaises: s’il résiliait la police quatre ans avant la fin du contrat, il recevrait à ce moment-là un avoir de 39 961 fr., ajouté des primes de risque non utilisées et les frais administratifs. Ce serait encore moins que le montant de la fin 2021.
Notre lecteur pourrait aussi «libérer» le contrat de ses primes. Il n’aurait alors plus à payer de primes pour les quatre dernières années. Mais ses bénéficiaires ne recevraient alors plus que 45 366 fr. en cas de décès. L’avoir en fonds, qui s’élève actuellement à 39 961 fr., demeurerait, et continuerait à être soumis aux fluctuations boursières. Des frais continueraient également à s’appliquer. En effet, les coûts liés au risque de décès (la différence entre le capital garanti en cas de décès et la valeur de rachat des parts de fonds) et les frais de gestion du fonds resteraient dus.
En contrepartie, notre lecteur continuerait à être crédité par le fonds des revenus des titres dans lesquels il est investi, notamment les dividendes. Mais là aussi, une mauvaise surprise reste toujours possible: si les revenus annuels des dividendes ne suffisent pas à couvrir les coûts annuels mentionnés précédemment, Allianz peut se servir dans les parts du fonds de notre lecteur pour couvrir les coûts.
Allianz écrit à notre rédaction qu’il est courant, et même habituel pour toutes les compagnies d’assurance vie, que des produits soient proposés sans garantie en cas de vie. Étant donné que même après la libération des primes, des frais sont encore occasionnés pour le capital décès garanti (réduit) et l’administration, mais qu’aucun paiement de primes n’est plus effectué, ces frais ne peuvent être couverts que par des revenus ou des prélèvements sur l’avoir en fonds. Et de préciser qu’en cas de rachat avant l’échéance du contrat, les frais déduits en trop seraient toutefois remboursés avec la valeur de rachat.
Christian Bütikofer / yg