Le 22 septembre prochain, le peuple devra se prononcer sur une nouvelle réforme du 2e pilier. Cette réforme vise à rétablir les équilibres financiers entre les cotisants et les retraités. Elle aura pour effet d’augmenter les cotisations des premiers. Mais elle estime qu’aucune mesure n’est nécessaire pour réduire les coûts de la gestion de la prévoyance professionnelle.
Or, cette industrie, qui emploie des milliers de personnes, coûte plus de sept milliards de francs chaque année. Des milliards qui sont payés par les affiliés et les retraités, qui alourdissent le système et contribuent à réduire les rentes. Ces coûts ne cessent de croître.
Pourquoi? Un système aussi complexe que la prévoyance professionnelle requiert les interventions de très nombreux acteurs: les gestionnaires de caisse et leurs employés, les actuaires, les banquiers, les assureurs, et enfin les contrôleurs et les superviseurs. Toutes ces personnes sont rémunérées pour leur travail, parfois très confortablement.
Leurs rémunérations ne répondent pas à des tarifs ni à des échelles de traitement. Elles sont dictées par la loi du marché: la concurrence travaille moins cher? On baisse les prix. Le client n’est pas regardant quant aux tarifs qu’il paye pour ses prestations? On les élève. C’est ce dernier scénario qui se répète, année après année.
Pire: les professionnels de la prévoyance ne se contentent pas de profiter du manque d’attention des caisses de pension face aux coûts: ils les poussent à la hausse en compliquant les structures de prix, ce qui décourage les comparaisons.
Certes, la transparence dans ce domaine a été introduite il y a une décennie. Mais elle concerne surtout la divulgation des statistiques. Si on comprend mieux où va l’argent, on ne l’empêche pas de filer dans les poches des professionnels dans des quantités sans cesse croissantes.
Les responsables des caisses doivent au contraire négocier les tarifs à la baisse, par égard pour leurs affiliés, qui payent leurs salaires. Mais les structures de prix doivent être simplifiées et rendues comparables et transparentes pour faire cesser le dérapage des coûts.
Le système de retraite doit sans doute être adapté aux réalités démographiques. Mais une réforme qui ne s’attaque pas à la hausse des charges de fonctionnement reste incomplète.
Yves Genier, rédacteur en chef