A ses 65 ans, en 2001, un lecteur argovien a retiré tout l’avoir qu’il avait épargné auprès de sa caisse de pension, sous forme de capital. Avec cet argent, le retraité argovien a souscrit une assurance dite «de rente différée avec remboursement» auprès de la Baloise. Sa crainte: que son argent ne soit pas placé de manière assez sûre auprès de la caisse de pension.
Quiconque souscrit une rente viagère auprès d’une assurance reçoit, à l’âge de la retraite, une rente à vie versée mensuellement. «Différée» signifie qu’elle ne commence à courir qu’à partir d’une certaine date; dans le cas de notre lecteur, cela débutait au 1er mars 2002, puisqu’il a travaillé jusqu’à l’âge de 66 ans. «Avec remboursement» signifie qu’en cas de décès prématuré de l’assuré, les survivants récupèrent le capital-décès qui n’aurait pas encore été utilisé.
Des promesses mirobolantes
De nombreuses assurances vendent des rentes viagères. Outre la Baloise, on trouve les compagnies Zurich ou Swiss Life. La Zurich affiche des publicités vantant une couverture financière «garantie à vie». Elle s’appuie sur l’espérance de vie qui augmente, tant pour les femmes que pour les hommes. Et promet: «Vous profitez des versements pour toute la durée de votre vie. Même si vous atteignez 100 ans.» Quant à Swiss Life, elle annonce «une marge de manœuvre financière prévisible», qui laisse l’assuré «libre de ses choix jusqu’à la fin de sa vie». La Baloise aussi parle de «sécurité financière pour toujours».
Notre lecteur a versé sa fortune de caisse de pension (soit 476 352 fr.) à l’assurance. En plus, il a dû payer le droit de timbre à hauteur de 2,5% de la prime. Cela lui a coûté 11 909 fr. Au total, il a donc payé 488 261 fr. pour sa rente viagère. En contrepartie, il a reçu de la Baloise une rente mensuelle de 1875 fr. à partir du 1er mars 2002 – soit 22 500 fr. sur l’ensemble de l’année.
Bilan négatif malgré une longue vie
Notre lecteur est décédé en novembre 2022, à 87 ans. Un âge élevé pour un homme – cinq bonnes années de plus que la moyenne. Il a perçu une rente pendant vingt ans et neuf mois, soit un total de 466 875 fr.
Ses enfants ont reçu 7602 fr. en guise de capital-décès. La Baloise avait par ailleurs procédé à une déduction d’un mois de rente pour le mois de décembre, car Patrice L. est décédé fin novembre.
Conclusion: cet assuré a atteint un âge avancé et pourtant la rente viagère n’était pas la meilleure option. En effet, il a dû retirer son capital de pension, ce qui a entraîné des impôts correspondants de 42 500 fr.
Le bilan est en fin de compte négatif, en tenant compte du fait que les fonds pour l’achat de la rente ont déjà été imposés une fois en tant que revenu. En effet, qui perçoit une rente viagère doit déclarer 40% de celle-ci comme revenu à la Confédération et à son canton.
Les calculs de notre rédaction montrent que quiconque souscrit aujourd’hui une rente viagère doit compter avec un taux de conversion beaucoup plus bas que celui de la rente de la caisse de pension. Conséquence: à capital égal, la rente viagère est nettement inférieure à la rente de la caisse de pension.
Christian Bütikofer / ld