A l’expiration de son assurance vie conclue chez Swiss Life en mai dernier, un lecteur bâlois âgé de 72 ans aurait dû recevoir la somme de 79 076 fr. La police, intitulée «Swiss Life Premium Immo Properties», combinait une assurance risque décès avec une partie épargne. Sa durée était de dix ans.
Mais plutôt que de lui verser son argent, l’assureur a envoyé des représentants au domicile de notre lecteur. Leur but: l’amener à conclure un nouveau contrat d’assurance vie. Ils lui ont proposé d’investir les 79 076 fr. de son capital, auxquels il devait ajouter 21 000 fr. pour porter la somme assurée à 100 000 fr. Selon cette nouvelle police, nommée «Swiss Life CapitalPlan», notre lecteur aurait bénéficié d’une rente «prévisible» de 7361 fr. par an.
Au moment où le contrat était prêt à être signé, le représentant n’avait pas fait d’enquête approfondie sur sa fortune, selon notre lecteur. Qui s’est senti pris au dépourvu. Néanmoins, il a tout de même engagé sa signature: il connaissait l’ancien chef de l’agence.
Seule garantie,
Un taux négatif
Le contrat était conclu pour une durée de 15 ans. Notre lecteur aurait donc eu 87 ans à l’échéance, davantage que les 81 ans d’espérance de vie moyenne des hommes en Suisse.
D’ici là, il aurait dû recevoir «probablement» une rente mensuelle de 614 fr. Mais sans que ce montant soit garanti.
Le contrat stipulait que le capital de 100 000 fr. aurait été rémunéré à 1,7%. Mais ce taux n’aurait pas été garanti sur la durée de la police. Swiss Life pouvait à tout moment l’abaisser jusqu’à un taux de -2%, donc négatif.
Les représentants ont promis à notre lecteur qu’ils l’informeraient du niveau effectif des intérêts à la fin de chaque année dans la «feuille de prestations». Ils lui ont également fait miroiter de prétendus «excédents». Mais ceux-ci sont également purement hypothétiques, car non garantis.
En cas de résiliation du contrat avant terme, par exemple en raison d’un besoin urgent d’argent, l’assuré ne toucherait plus que la «valeur de résiliation». Swiss Life n’a pas pu dire à combien s’élèverait cette valeur, du fait de la variation du taux d’intérêt.
De plus, toujours selon le contrat, l’assurance serait en droit de procéder à une «déduction pour les coûts du risque d’intérêt». Swiss Life ne garantit donc pas de prestations déterminées dans ce plan de versement. Elle garantit uniquement le fait que le taux de rémunération de l’avoir de notre lecteur n’irait pas en dessous de -2%.
Prestation inutile
De plus, les représentants de Swiss Life ont omis d’analyser les niveaux de revenu et de fortune de notre lecteur. Ce dernier touche une rente annuelle de 60 000 fr. de sa caisse de pension. A cela s’ajoute une rente AVS maximale de 2450 fr. par mois. Il détient des actions Novartis valant plus de 200 000 fr., des actions des assureurs Zurich et Swiss Re pour plus de 80 000 fr. et un fonds de placement de la Banque cantonale de Bâle de 200 000 fr. Le retraité est donc financièrement à l’aise. Il n’avait donc nul besoin d’une rente supplémentaire de 600 fr. par mois. En revanche, Swiss Life et ses représentants, qui auraient touché quelques milliers de francs de commission, auraient profité de cette nouvelle police d’assurance vie.
Interrogée par notre rédaction, Swiss Life affirme qu’un conseil personnalisé complet, incluant une évaluation exhaustive des besoins de notre lecteur, a été effectué. Le «CapitalPlan» aurait été choisi comme un bon complément à la situation financière actuelle. Vu l’âge du client, un nouveau placement immobilier unique n’avait plus de sens et une solution de titres supplémentaire n’était pas souhaitée.
Notre lecteur a fait un autre choix. Après avoir consulté notre rédaction, il a résilié le contrat signé dans les 14 jours: c’est possible depuis cette année sans avoir à se justifier. Quant à son argent, il va l’investir lui-même auprès d’une banque, et non d’une assurance.
Christian Bütikofer / yg