Pierre-Yves Donzé
Livreo Alphil,
271 p.
Rolex est l’une des multinationales les plus importantes de Suisse romande, mais c’est aussi l’une des plus secrètes. Aussi, c’est à la découverte de l’envers du décor que nous invite l’historien spécialiste de l’industrie horlogère Pierre-Yves Donzé, professeur aux universités d’Osaka et de Fribourg, dans cette histoire qui met à mal nombre de mythes soigneusement élaborés par le groupe horloger genevois.
Rolex a récrit son histoire en magnifiant la figure de son fondateur Hans Wilsdorf, et garde jalousement le secret sur ses archives.
Pierre-Yves Donzé s’est donc appuyé sur toutes les autres sources disponibles pour reconstituer une aventure aussi originale que banale.
Originale car son fondateur est un commercial d’origine bavaroise. Et qu’elle a longtemps gardé une structure duale: une société de vente à Genève aux mains du fondateur, puis de la fondation qui lui a succédé alors que les mouvements sont produits à Bienne dans une autre entreprise détenue pendant des années par la famille Aegler.
Et banale, car longtemps elle n’innovait pas plus que ses concurrentes, ni au plan technique ni à celui de la publicité. Et qu’elle ne se distinguait pas des autres marques de montres suisses de moyen et haut de gamme.
Aussi, la clé de son succès a été publicitaire: son agent, le groupe américain JWT, a positionné, au début des années 1960, l’image de ses produits dans le créneau du luxe comme celles de «montres exceptionnelles, créées par un individu d’exception pour des gens d’exception». Un principe que Jacques Séguéla avait reformulé avec son fameux «si à 50 ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie».