Un lecteur retraité du canton d’Argovie investit depuis plus de 15 ans dans des actions via la plateforme de la banque Migros. Sa stratégie d’investissement: «selon mon instinct», dit-il. Aussi veut-il savoir quelles actions manquent à son portefeuille pour assurer une bonne diversification et desquelles il doit éventuellement se défaire. Son but: laisser à ses héritiers «un bon avoir».
Les investisseurs en actions cotées en Bourse suisse pendant au moins 14 ans sont statistiquement assurés de réaliser un bénéfice. Notre lecteur, qui a fait ce choix, a donc bien placé son argent. En revanche, mieux vaut ne pas se laisser guider par son seul instinct. Cela entraîne des coûts évitables, des risques cumulés et des doublons.
1. Eviter les concentrations
Une analyse des titres de notre lecteur le montre: le portefeuille est très centré sur les sociétés suisses. Il contient 24 titres d’entreprises différentes pour environ 900 000 fr. Parmi ces titres, 19 sont celles d’entités connues comme ABB, Nestlé et Holcim. S’y ajoutent deux produits structurés. Ces derniers reviennent, dans les faits, à accorder un prêt à la banque.
Notre lecteur détient en outre trois fonds d’actions passifs, appelés Exchange Traded Funds (ETF). Ce sont des fonds indiciels négociés en bourse: ils reproduisent un indice boursier, comme le Swiss Performance Index (SPI) (lire l’article «Tout savoir sur les fonds négociés en bourse», Mon Argent n°3/2024). Cet ETF inclut presque toutes les sociétés anonymes du pays négociées à la Bourse suisse.
2. Identifier ses avoirs
Si notre lecteur veut savoir quelles actions il doit vendre, parce qu’elles figurent, par exemple, à double dans le portefeuille, il doit analyser ses trois fonds: dans quelles sociétés et dans quelles régions sont-ils investis? Il peut obtenir cette information à l’aide du numéro d’identification international (ISIN) et de la fiche d’information de chacun de ses trois fonds. L’ISIN se compose de deux lettres pour le pays d’origine et de dix chiffres.
Si l’on ne dispose pas de la fiche du fonds, il existe un moyen simple de la trouver: taper, dans un moteur de recherche sur Internet, le numéro ISIN associé au terme «fact sheet» (fiche d’information). Celle-ci énumère les principales données relatives au fond, dont les actions qu’il contient. Ainsi, les fiches d’information des trois fonds indiciels de notre lecteur montrent:
- L’iShares Core SPI ETF reproduit le SPI, l’indice qui rassemble presque toutes les sociétés cotées en Bourse suisse. Il comprend donc toutes les entreprises du pays cotées à la Bourse suisse. Les 19 actions individuelles que notre lecteur détient sont déjà présentes dans ce fonds. Il peut donc les vendre.
- Avec l’UBS ETF S&P 500 ETF (hedged to CHF) A-acc, notre lecteur participe à l’indice d’actions américain S&P 500, qui comprend les actions de 500 des plus grandes entreprises américaines. Comme il ne détient pas de titre américain, rien n’est à changer de ce côté-là.
- L’Amundi Euro Stoxx 50 II CHF Hedged Acc reproduit l’indice Euro Stoxx 50, qui se compose de 50 grandes entreprises cotées en bourse de la zone euro. Comme il ne détient pas de titre inclus dans cette liste, rien n’est à changer.
3. Maîtriser les frais
Les trois fonds couvrent différentes régions. De plus, ils sont avantageux: les frais annuels sont essentiels dans le cadre d’un investissement à long terme dans des fonds. Ils sont app elés Total Expense Ratio (TER, ratio de frais totaux). Un TER supérieur à 0,3% du montant investi est discutable. Les frais des trois fonds du portefeuille de notre lecteur sont inférieurs à 0,25%. Ils ne lui coûtent donc pas excessivement cher.
4. Elargir la géographie
Notre lecteur peut aussi envisager d’élargir son espace géographique de placement en ciblant les marchés émergents d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. Il peut opter, par exemple, pour l’ETF Vanguard FTSE Emerging Markets ETF Distributing. Ce quatrième fonds lui assurerait une large couverture mondiale. Notre lecteur pourrait ainsi répartir son argent à raison de 25% sur chacun des quatre fonds.
Les fonds SPI et Vanguard versent régulièrement des dividendes. Notre lecteur devrait réinvestir ces bénéfices dans ces deux fonds afin de profiter de l’effet des intérêts composés. Les autres fonds conservent automatiquement les bénéfices et les investissent dans d’autres parts.
5. Eviter les produits spéculatifs
En revanche, les produits structurés n’ont rien à faire dans les portefeuilles de titres orientés vers le long terme. En effet, ils sont très chers (ratio de frais de 1%), ne sont pas surveillés par l’autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) et ne sont rien d’autre que des paris sur une certaine variation de cours, donc un risque bien plus élevé que ceux des ETF.
Notre lecteur possède deux produits de ce type, dont le certificat AMC Tracker dont le sous-jacent (les titres sur lesquels le produit structuré spécule) est le panier de titres Migros Bank Energy Storage.
Après l’épuration, le portefeuille de notre lecteur est passé de 24 titres à 4 fonds. Et ce, avec des frais réduits et des risques mieux répartis.
Christian Bütikofer / yg