Dans sa publicité, la compagnie d’assurance-vie Liechtenstein Life qualifie la prévoyance liée d’«ancre de sécurité pour toute une vie». Basée à Schaan, dans la principauté dont elle a repris le nom, cette société commercialise principalement des polices d’assurances mixtes liées au pilier 3a.
Ces assurances combinent généralement une couverture de risque, notamment en cas de décès, avec une épargne dans la prévoyance, investie principalement dans des fonds de placement en actions.
De tels produits sont souvent la source de bien des déceptions, comme les lecteurs de notre magazine ont pu le découvrir dans de précédentes éditions. Les contrats sont opaques, peu flexibles et trop chers. Les résultats des placements sont souvent bien moindres que les promesses faites avant la conclusion de la police. Les bénéficiaires de ces assurances 3a sont avant tout les assureurs et les courtiers qui négocient de tels contrats et encaissent des commissions élevées.
Le directeur de Liechtenstein Life, Aron Veress, affirme dans un publireportage que les clients de sa compagnie sont «conseillés de manière neutre». Cependant, notre rédaction reçoit de nombreuses informations de ses lecteurs concernant des courtiers auteurs de fausses déclarations à leurs prospects. Il s’agit toujours d’assurances-vie liées à des fonds.
Voici trois exemples:
1. Courtier non autorisé
Un lecteur de Neuchâtel a reçu début novembre dernier un appel d’un employé de la société de conseil en assurances zurichoise Alcuris SA. Le courtier lui a proposé de retirer immédiatement tous les fonds 3a de sa banque et de les transférer à la Liechtenstein Life, car, a-t-il dit, l’argent ne faisait que «s’évaporer». Le courtier a en outre affirmé qu’un avoir 3a déposé auprès d’une assurance pouvait rapporter jusqu’à 1,5 million de francs.
Il est évidemment utopique de toucher une telle fortune au terme d’une vie de travail, car les montants pouvant être versés sont strictement plafonnés.
Alcuris a fait une nouvelle offre pour la police «Prosperity 3a», cette fois avec d’autres fonds de placement. Toutefois, cette entreprise de courtage n’est pas inscrite au registre des intermédiaires d’assurance de la Finma, pas davantage que son courtier. Cette inscription est pourtant obligatoire pour pouvoir faire le courtage de telles polices.
Notre lecteur a encore reçu une offre supplémentaire, de la part d’un autre courtier, cette fois: AD Gestion SA, à Hergiswil (NW). Notre lecteur l’a refusée. Alcuris écrit à notre rédaction qu’AD Gestion n’est pas un de ses partenaires et que l’affaire est en cours de clarification.
2. Une assurance mixte, quand même
Une lectrice thurgovienne a été conseillée par une courtière de la société E-Consulting Sàrl, à Saint-Gall, qui lui a proposé la police «Prosperity 3a». L’avoir devait être versé dans deux fonds de placement. Notre lectrice a demandé s’il s’agissait d’une assurance mixte. La courtière a répondu que ce n’était pas le cas.
Pourtant, l’offre était intitulée «Assurance vie liée à des parts ou à des fonds dans le cadre de la prévoyance liée CHF». En cas d’acceptation, notre lectrice devait payer 183 456 francs pendant 26 ans sur cette police. Au terme du contrat, le remboursement garanti ne se montait qu’à 127 008 francs, soit 31% de moins. Elle n’a par conséquent pas signé le contrat.
Interrogée par notre rédaction, la courtière explique qu’il s’agissait d’un malentendu: le produit est bien entendu une assurance mixte.
3. Pas à l’étranger
Un lecteur bernois avait souscrit il y a huit ans une assurance mixte appelée «Kokon Value plus 3A». La part d’épargne est investie dans un fonds d’actions du pilier 3a. Ce lecteur avait choisi ce produit parce que le courtier lui avait affirmé qu’il pouvait continuer à alimenter ses fonds 3a même en cas de séjour prolongé à l’étranger. Une disposition que ne permettrait pas la concurrence. Or, cette affirmation est fausse. Si notre lecteur déménage à l’étranger, il doit modifier son contrat: il faut exercer une activité lucrative en Suisse pour pouvoir alimenter un pilier 3a.
La police avait été négociée par une entreprise de courtage en assurance de Zurich, Swiss Finance Service Center SA. Or, cette entreprise dit ne pas pouvoir s’imaginer que l’un de ses employés ait pu faire de telles affirmations. Leurs connaissances professionnelles sont régulièrement contrôlées.
Pour sa part, Liechtenstein Life explique à notre rédaction que les allégations de conseils erronés seraient examinées «en priorité» et affirme que les collaborations avec des conseillers financiers faisant de fausses affirmations seront résiliées.
Christian Bütikofer / yg