Vous avez décidé d’investir pour le bien de la planète, de la société et en faveur d’une bonne gouvernance d’entreprise. Bravo! Mais vous vous engagez dans un chemin fort tortueux. L’offre de produits de placements estampillés «verts», principalement des fonds de placements et des fonds cotés en bourse (ETF), ne cesse de croître. Mais elle n’est pas toujours aussi «verte» qu’elle le prétend.

L’enquête sur les placements durables du présent numéro expose trois exemples de trois fonds de placement disponibles en Suisse labellisés «ESG», «durables» ou encore «responsables» dans lesquels les actions d’entreprises centrées sur les énergies fossiles occupent une place importante.

Ecoblanchiment? Greenwashing? La présence de telles actions dans ces fonds n’est pas contraire aux règles. Le monde de la finance durable permet d’investir selon de nombreuses approches: on peut être «durable» en «excluant» toutes les entreprises aux activités manifestement contraires à la durabilité. On peut aussi en détenir pour les «encourager» à s’améliorer, ce qui confère une grande marge de manœuvre!

Les règles les plus précises, celles de l’Union européenne, exigent juste que les fonds labellisés «verts» explicitent clairement les raisons de leurs choix. En clair, les banques qui gèrent ces fonds peuvent placer l’argent de leurs clients à peu près là où elles veulent – même si ce n’est pas «durable» – du moment qu’elles disent pourquoi. On est très proche du grand désordre.

Même cette modeste contrainte n’est, dans de nombreux cas, appliquée qu’a minima: de nombreux fonds se disant «verts» n’expliquent leur démarche que dans les petites lettres des pages intérieures de leurs fiches d’information. En revanche, ils étayent leurs qualificatifs de «durabilité» sur de grandes déclarations souvent creuses et des rankings difficilement vérifiables. Autrement dit: ces fonds flottent en plein brouillard.

Les règles suisses, pour leur part, sont encore moins exigeantes. Aussi, s’il veut placer «vert», l’épargnant doit par conséquent examiner lui-même, attentivement, la composition des fonds qu’il vise. Il ne fera peut-être pas tout juste, mais au moins sera-t-il au clair avec lui-même. (lire ici).

Yves Genier
Rédacteur en chef