Une lectrice zurichoise a placé près de 210 000 fr. provenant d’un héritage dans le «Swiss Life Premium Payout Plan», une formule de placement. Celle-ci doit permettre au client d’effectuer des retraits réguliers tout en profitant de l’évolution de la valeur des marchés boursiers. Swiss Life a placé cet argent dans quatre fonds de placement: un fonds mixte «axé sur la sécurité» avec une part élevée d’obligations et dans trois fonds d’actions axés sur le rendement.
Lors de la conclusion du contrat, Swiss Life a immédiatement prélevé 3150 fr. de frais, soit 1,5% du montant. Puis elle a continué: elle a prélevé une commission forfaitaire annuelle de 1,29% de la fortune investie, puis encore des frais de gestion de 0,94% en moyenne par an, et d’autres frais cachés. Par conséquent, le capital a fondu, alors que la baisse importante des marchés boursiers en 2022 l’a déjà sérieusement érodé. En mars de cette année-là, notre lectrice a pris contact avec l’expert Othmar Ulrich, de Fairinvest à Wabern (BE).
Ce dernier lui a proposé de transférer la moitié de l’avoir géré par Swiss Life auprès du gérant indépendant Avadis en suivant sa stratégie de placement «Croissance». Celle-ci place 60% de l’avoir en actions et 40% en obligations. Soit à peu près la répartition des quatre fonds du plan de versement de Swiss Life au début.
Un écart de plus de 3000 fr.
Résultat: début avril 2022, notre lectrice a déposé 98 000 fr. chez Avadis et laissé la même somme chez Swiss Life. Tous deux ont vu les avoirs diminuer en raison des turbulences boursières provoquées par la hausse des taux d’intérêt, l’inflation et la guerre en Ukraine. Mais chez Avadis, les pertes ont été nettement moins importantes. Fin août 2023, le dépôt qui y était ouvert affichait encore 91 240 fr., c’est-à-dire une perte de 6,9%. Chez Swiss Life, le placement ne valait plus que 88 100 fr., soit une baisse de 10,1%. En 17 mois, Avadis affichait une performance supérieure de 3,2 points de pourcentage à celle de la compagnie d’assurance. En argent sonnant et trébuchant, cela fait 3140 fr. de mieux.
Selon Othmar Ulrich, de Fairinvest, la différence peut en partie être attribuée aux différences de frais. Avadis facture pour sa stratégie de placement passive un forfait annuel de 0,59% du montant investi. Chez Swiss Life, les frais annuels pour la gestion de fortune et les fonds s’élèvent à 2,23%, soit une différence de 1,64 point de pourcentage. Pour une somme investie de 100 000 fr., la différence de frais de gestion se monte donc à environ 1600 fr. par an. L’expert estime aussi que le reste de la différence de performance peut s’expliquer par des frais cachés, à moins que le type de gestion des fonds de Swiss Life, une gestion active, ait contribué à creuser les pertes.
Faible rendement
Un porte-parole de Swiss Life affirme que le plan de versement diffère du fonds stratégique de placement d’Avadis. «Une comparaison n’est pas possible», selon lui. Les versements réguliers du produit Swiss Life à son détenteur pourraient contribuer à accroître les frais. Les prix des fonds de l’assureur se situent «dans la moyenne du secteur suisse des fonds», complète-t-il.
Le recours aux services de gestion des assurances pour gérer, par exemple, un avoir de retraite (2e ou 3e pilier) a un prix élevé. L’assurance place l’avoir de son client et verse chaque année une annuité au client jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’argent. Souvent, l’assurance garantit un rendement. Mais en raison des frais, celui-ci est généralement aussi bas que sur un compte d’épargne.
Thomas Lattmann / yg
Conseils pratiques
Les personnes qui partent à la retraite ont intérêt à établir elles-mêmes un plan de versement. Par exemple: pour un capital initial de 300 000 fr., limiter ses retraits à 100 000 fr. pour les dix premières années, et placer cette somme dans des obligations de caisse, des comptes d’épargne et des dépôts à terme. Ces types de dépôts rapportent généralement peu, mais ils sont sûrs et permettent des retraits rapides et faciles en cas de besoin. Les 100 000 fr. destinés à financer la décennie suivante doivent être placés dans des obligations, qui rapportent un peu plus si elles sont de longue durée (dix ans et plus), et sont tout aussi sûres, mais un peu moins accessibles en cas de besoin. Enfin, la dernière tranche de 100 000 fr. doit être entièrement investie en actions, idéalement dans des fonds indiciels cotés en bourse (ETF). Ils sont soumis aux aléas des marchés boursiers. Mais sur le long terme, la hausse est générale.