Un lecteur soleurois est sur le point de prendre sa retraite. De longue date, il est client de la compagnie d’assurances Zurich.
Il veut retirer quelque 200 000 fr. de son avoir de prévoyance et investir ce capital lui-même. Le conseiller de Zurich lui propose deux produits de placement de sa compagnie. Ils lui garantiraient la sécurité de son avoir et lui permettraient de compenser l’inflation. Comme notre lecteur est un bon client, le conseiller lui promet la prise en charge du droit de timbre de 2,5%.
Placement bloqué dix ans
Le premier produit, «Capital Certificate Tranche 17», reproduit la valeur des actions de grandes entreprises cotées à la bourse suisse. Il ne s’agit toutefois pas d’un fonds indiciel (ETF), mais d’un certificat émis par la banque BNP Paribas.
Or, ce produit ne présente pas toutes les garanties de sécurité promises, ainsi qu’a dû admettre le conseiller de Zurich à notre lecteur. Si la grande banque française fait faillite, l’argent disparaîtrait. Pourquoi? Parce qu’un certificat est un prêt. Cela signifie que notre lecteur prêterait son argent à la banque. Au contraire, un fonds indiciel serait plus sûr, car les parts du fonds resteraient sa propriété et lui seraient remises en cas de faillite de la banque.
Un investissement dans ce certificat exige une mise minimale de 20 000 fr., lesquels restent ensuite bloqués pendant dix ans. Une partie de cet argent est placé dans une assurance vie. Ce type de placement peut se justifier pendant la vie active si l’on cherche à protéger son partenaire et ses enfants. En revanche, à l’âge de la retraite, les assurances vie sont généralement inutiles.
Ce certificat ne permettrait pas à notre lecteur de bénéficier pleinement de la hausse des actions, dans l’hypothèse où les bourses se portent bien. Le potentiel est limité à 90% de la hausse tout au plus. Si les choses tournent mal, l’investisseur ne commence à perdre sa mise qu’à partir d’une chute des cours des actions de 50%. En cas de baisses moindres, son argent reste protégé. Cependant, un effondrement boursier aussi massif est peu probable sur un horizon de placement de dix ans.
Conditions spéciales
Le deuxième produit proposé, «Zurich Invest Plan de Paiement», permet à notre lecteur de choisir lui-même la stratégie de placement. Le conseiller lui fait miroiter des gains boursiers. De plus, Zurich lui garantit un versement annuel après la retraite. Toutefois, ce dernier n’est pas à vie, comme pour une rente viagère, mais pour une durée limitée, par exemple pendant 20 ans.
Ce que notre lecteur n’a pas su tout de suite, c’est que des frais élevés se cachent dans les petits caractères de ces deux offres. Les «Conditions spéciales» montrent que l’assurance Zurich prélève régulièrement sa part: pour les versements uniques jusqu’à 250 000 fr., sa commission peut atteindre 4%, soit 10 000 fr. Et pour les stratégies de risque «Equilibrée» et «Croissance», elle facture aux clients des frais de gestion de fortune annuels de 0,9%. Des frais de dépôt de 0,25% sont également facturés chaque année.
Conflit d’intérêts
L’assurance admet – en petits caractères, encore – que le mode de calcul des commissions place ses conseillers à la clientèle devant un conflit d’intérêts. Lors de la conclusion d’un contrat, un conseiller perçoit jusqu’à 5,4% de la somme investie par le client, soit potentiellement 10 800 fr. pour un placement de 200 000 fr. A quoi s’ajoutent, pour les conseillers, des commissions annuelles récurrentes allant de 0,2% à 0,39%. En dix ans, le total de ces commissions récurrentes peut représenter près de 8000 fr. Un conseiller a donc tout intérêt à recommander des produits qui ne sont pas avantageux pour les clients.
Les plans de paiement des assurances ne sont généralement pas intéressants pour les clients du fait du modèle de rémunération des conseillers. Les retraités peuvent obtenir de meilleurs résultats s’ils placent eux-mêmes leur capital de prévoyance auprès d’une banque plutôt que d’une assurance. C’est l’option finalement choisie par notre lecteur soleurois après que notre rédaction lui a montré combien les conseils du conseiller de la Zurich lui coûteraient.
La compagnie a écrit à notre rédaction que les conseillers exposent à leurs clients les opportunités, les risques et les coûts de manière complète et transparente: «Selon la situation de vie et de fortune, les assurances vie sont appropriées aussi pour les retraités ou les personnes proches de la retraite.»