Déjà fortement ralentie durant l’hiver, la croissance économique de la Suisse va encore freiner ces prochains mois. Le Seco et l’institut de recherches conjoncturelles KOF anticipent une croissance de 1,1%. C’est un tout petit peu plus haut (0,3 point de pourcentage pour le KOF, 0,1 point pour le Seco) que les prévisions de décembre. Mais le rebond n’est pas pour cette année.
La première raison est la persistance de l’inflation. Même si celle-ci s’est affaiblie à 2,9% en rythme annuel en mars, elle progresse «sur un large front» en dépit de la baisse des prix des énergies fossiles, comme l’écrit la Banque nationale suisse (BNS). Celle-ci anticipe un renchérissement de 2,6% pour l’ensemble de l’année: certes en ralentissement, mais bien plus haut que son objectif à long terme, qui est de 2%.
Aussi les taux d’intérêt devraient-ils encore monter. UBS s’attend à un relèvement du taux directeur de la BNS de 0,25% lors du prochain examen de la situation économique et monétaire le 22 juin prochain. Le taux directeur se hissera par conséquent de 1,5%, décidé le 23 mars, à 1,75%. Cette hausse entraînera celle du taux Saron.
La poursuite du renchérissement continuera de ralentir les dépenses de consommation du fait que les salaires n’ont progressé, comme le rappelle Credit Suisse, que de 2,3%, ce qui a entraîné une perte de pouvoir d’achat auprès des consommateurs. Le KOF prévoit un tassement de la croissance de celle-ci en 2023 à 1,7% au lieu de 2% prévus en décembre dernier.
C’est pourtant sur la demande intérieure que tablent les entreprises pour soutenir l’activité économique. Il est vrai que le chômage se maintient à très bas niveau: le Seco anticipe un tassement à 2%, le KOF à 1,9%. En incluant les chômeurs non inscrits aux ORP, cela donne un taux de chômage «réel» de 4,1% prévu par le KOF, une prévision stable par rapport à celle de décembre. Aussi, «le moral des entrepreneurs reste globalement bon», constate la Banque cantonale vaudoise.
L’économie suisse ne sera pas aidée par la croissance à l’étranger. Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe une croissance économique de 1,3% pour les pays développés cette année, moins de la moitié de ce qu’il était l’an dernier, et même «passant sous la barre de 1%» en cas d’aggravation de la crise des banques. Quant à l’inflation, elle «ne devrait pas revenir à son niveau cible (2%, ndlr) avant 2025».