Un lecteur zurichois ne s’attendait pas à un résultat aussi maigre. Après avoir payé 111 482 fr. de primes d’assurances-vie pendant les 36 ans de son contrat, il n’a touché que 119 980 fr. à l’expiration de ce dernier. Une somme bien moindre que celle qu’il attendait.
En janvier 1988, notre lecteur avait souscrit une police de prévoyance liée auprès de l’assurance Helvetia Vie, laquelle a été transférée par la suite à l’assureur Elvia, puis Allianz. Il s’agit d’une assurance-vie mixte qui combine l’épargne de prévoyance dans le pilier 3a avec une assurance décès. Parmi les prestations, il y avait également une exonération de primes en cas d’incapacité de gain.
Notre lecteur s’était laissé convaincre par son conseiller financier lorsque ce dernier lui avait vanté le «taux technique» garanti de 3%, et lui avait fait croire que ses versements seraient rémunérés à ce taux. Selon cette promesse, le montant qui aurait dû lui être remis au terme du contrat aurait dû dépasser de beaucoup ce qu’il a effectivement reçu.
45% des primes couvrent les risques et les frais
Irrité par le faible montant qui lui a finalement été versé, notre lecteur a exigé à Allianz un décompte détaillé. L’assureur lui a alors envoyé un récapitulatif. Ce dernier montre que sur les 111 482 fr. de primes payées en tout, 13 379 fr. ont été dévolus à l’assurance perte de gain et 37 075 fr. comme «prime de risque et de frais». Soit, en tout, plus de 45% des primes payées en totalité ont payé d’autres choses que la constitution de l’épargne.
Lorsque notre lecteur a souscrit la police, l’assurance lui a simplement garanti que ses survivants recevraient 100 000 fr. en cas de décès prématuré. Elle lui a aussi annoncé que s’il était encore en vie au terme du contrat, il en recevrait autant. Le montant garanti pour les deux scénarios a été porté au fil du temps à 112 596 fr.
En outre, notre lecteur allait aussi recevoir une part des «excédents» de l’assureur. Les excédents sont les revenus des placements des capitaux. Or, ces derniers n’étaient pas garantis, l’assureur pouvant les distribuer librement. Au terme de son contrat, notre lecteur a reçu 7384 fr. d’excédents.
Le rendement n’est pas dévoilé
Il est aujourd’hui impossible de savoir tout ce que le vendeur de l’assurance a promis à l’acheteur lors de la conclusion du contrat en 1988. Mais le soi-disant «taux d’intérêt technique» est souvent utilisé comme argument de vente par les représentants en assurances sans expliquer aux clients ce qu’il faut entendre par là. Le taux d’intérêt technique promis ne dit rien sur le rendement réel d’une assurance épargne.
Des primes payées par le client, il faut d’abord déduire les coûts servant à couvrir les risques, ainsi que les frais d’acquisition (commission du vendeur de l’assurance) et les frais administratifs de la compagnie d’assurance.
Seule la somme qui reste est rémunérée. Cela réduit massivement le rendement de l’argent payé par le preneur de l’assurance.
Christian Bütikofer / yg
Un moyen simple de calculer l’apport de son contrat
Une lectrice vaudoise était perplexe face à son contrat d’assurance de pilier 3a conclu avec Helvetia Vie. Ce dernier lui garantit le versement d’un capital de 109 588 fr. en 2051 si elle s’acquitte de primes annuelles de 3000 fr. dès 2015. Ses héritiers toucheront la même somme si elle décède avant. En 36 ans, elle doit donc payer 108 000 fr.
Son contrat comprend aussi une assurance de perte de gain (APG) qui la libère du paiement des primes en cas d’incapacité de gain. Mais le montant de la prime qui est dévolu à cette prestation n’est pas spécifié dans la police. Enfin, Helvetia ne mentionne pas davantage le montant des frais prélevés sur ses primes ni un taux technique qui permettrait au moins de mesurer le rendement minimal du placement.
Bref, à moins de demander un décompte, notre lectrice n’est pas en mesure de savoir si elle effectue un placement intéressant ou non. Le contrat mentionne une participation aux excédents, précise même que cette part est payée «avec intérêts», mais n’articule aucun chiffre. Impossible, par conséquent, d’avoir la moindre maîtrise sur les montants de ces excédents.
Sans connaître les montants alloués aux couvertures APG, risque et frais, l’on peut faire un calcul simple: l’assurée touchera, au terme de son contrat, 1588 fr. de plus qu’elle n’a payé. Cela correspond à une plus-value certaine de 1,47% en cas de vie. Reste à diviser cette plus-value sur la durée du contrat, 36 ans. La plus-value annualisée s’avère ainsi proche de zéro. yg