L’ère des taux d’intérêt négatifs a pris fin le 22 septembre dernier avec le relèvement du taux directeur par la Banque nationale suisse (BNS) à 0,5%. Pourtant, la plupart des banques ne versent toujours pas, ou très peu d’intérêts sur les comptes d’épargne. Certes, la plupart des établissements bancaires ont mis fin aux frais de tenue de comptes dès octobre (voir encadré). Mais avec une inflation qui s’inscrit au-dessus de 3% en rythme annuel, la valeur des dépôts s’érode d’autant.
Cependant, des alternatives aux dépôts d’épargne existent, certaines tout aussi sûres ou presque, d’autres un peu plus risquées. Mais de toute façon un peu plus malaisées à utiliser. Les réserves financières dont on n’a pas besoin pendant quelques années peuvent être placées dans des obligations de caisse (des prêts accordés aux banques à des échéances fixes et à un taux d’intérêt fixe), en combinant différentes durées d’emprunts. Aucun frais n’est perçu et les rendements sont meilleurs que ceux des comptes d’épargne.
Moins sûr, plus rentable
Celles émises par Cembra Money Bank sont actuellement les plus intéressantes. Pour un placement minimum de 20 000 francs, elles servent un intérêt annuel de 2% pour les emprunts d’une durée de cinq à dix ans. Cela permet de compenser au moins une partie du renchérissement.
Les obligations de la Confédération, qui sont considérées comme les plus sûres, ne permettent pas non plus de complètement protéger l’épargne contre le renchérissement. Leur rendement annuel n’est que de 1,2% environ, actuellement, pour tout placement à dix ans. Si l’on est disposé à prêter à la Confédération pour des durées plus brèves ou plus longues, les rendements sont moindres (0,9% pour les placements à cinq ans et ceux à trente ans).
Les obligations des cantons et des communes sont plus intéressantes. Il est possible de prêter au canton de Genève et d’en retirer un rendement de 2,4%, à celui de Neuchâtel ou encore à la ville de Lausanne à 2,6%.
Les investissements dans les obligations d’entreprises suisses sont intéressants eux aussi. Un placement auprès d’une obligation émise par ABB ou par la Banque cantonale de Lucerne rapporte 2,5%, et même 2,9% pour un emprunt de la Banque cantonale de Genève. Les titres émis en francs suisses par des emprunteurs étrangers offrant une grande sécurité peuvent offrir de meilleurs rendements encore: 2,7% pour un titre émis par Deutsche Telekom, 3% pour une obligation émise par BNP Paribas.
Actions en forte baisse
Les rendements des obligations n’atteignent pas, en ce moment, le niveau du renchérissement. Mais ce dernier ne demeurera pas toujours à un niveau aussi élevé qu’actuellement. En revanche, la rémunération des titres obligataires ne bouge pas tant que dure l’emprunt. De tels placements peuvent donc s’avérer rentables en cas de baisse de l’inflation.
Les placements en actions et en fonds peuvent battre l’inflation sur le moyen terme, mais ils sont aussi plus exposés à des baisses, parfois importantes: depuis le début de cette année, l’indice SPI, qui synthétise les 220 actions de sociétés cotées en Suisse, a perdu environ 18% de sa valeur. Néanmoins, calculée sur plusieurs années, leur performance est supérieure à celle de l’inflation.
Un bon moyen d’investir dans le marché suisse est d’acheter le fonds indiciel coté (ETF) iShares SPI ETF (valeur 23793565). Les frais annuels sont de 0,1%. Toutefois, les titres de Nestlé, Roche et Novartis, les poids lourds de la bourse, représentent près de 48% du fonds.
Les risques sont répartis de manière un peu plus homogène dans l’indice Swiss Leaders Index (SLI), qui rassemble les trente plus importantes sociétés cotées en Suisse. Sa réplique est l’ETF SLI d’UBS (valeur 3291273). Ses frais annuels s’élèvent à 0,2%.
Pascal Roth / yg
Frais en baisse, taux presque immobiles
Avec la fin des taux d’intérêt négatifs, les banques suppriment également les frais qu’elles facturent à leurs déposants. Depuis le 1er octobre, ceux-ci sont de l’histoire ancienne dans la plupart des banques, notamment UBS, Raiffeisen et Postfinance. Credit Suisse et la Banque Migros avaient déjà supprimé les intérêts négatifs auparavant.
Les intérêts les plus élevés sont servis par la banque sur téléphone portable Yuh: 0,5%. La banque Valiant rémunère ses comptes d’épargne 0,25% à partir du 1er novembre, la Banque Migros rémunère les avoirs à 0,2 pour cent.