La hausse constante des prix de l’immobilier fait des malheureux: les aspirants à la propriété, qui se voient imposer des conditions toujours plus dures à la réalisation de leurs objectifs d’acquisition d’un logement.
Elle fait aussi des heureux: les propriétaires de biens, surtout s’ils le sont depuis longtemps dans une région bien située. Grâce à la plus-value, ils détiennent des petites fortunes. Certains sont même devenus millionnaires, même après avoir déduit leur dette hypothécaire.
Lorsqu’un propriétaire prend conscience de ce fait, il se met à rêver à tous les projets qu’il pourrait réaliser s’il vendait son bien. C’est notamment le cas de ces baby-boomers qui arrivent à l’âge de la retraite. Confrontés à des rentes amoindries, ils peuvent néanmoins envisager un bel avenir s’ils parviennent à vendre leur logement à un bon prix.
Ces aspirants au bonheur millionnaire sont un marché. Les courtiers, qui l’animent, ne se font évidemment pas prier d’offrir à ces vendeurs potentiels la réalisation de leur rêve. A commencer par l’étape la plus importante: la valorisation du bien. Pour ces vendeurs de briques et de mortier, il y a des millions de francs à gagner.
La concurrence est donc très rude. Pour tenter de se singulariser face à leurs clients potentiels, maints courtiers étendent leurs activités à Internet en proposant des outils d’estimation automatique gratuite. Or, ce domaine était pionnier il y a dix ans mais il est devenu courant aujourd’hui. Et comme les courtiers sont nombreux sur ce terrain, un autre moyen de se profiler est de faire miroiter des prix de vente plus alléchants que ceux du concurrent.
Le résultat de notre comparatif démontre que deux estimations sur trois de notre échantillon affichent des prix surfaits, parfois de beaucoup, par rapport à la réalité. Les exploitants des sites d’estimation immobilière ne s’en cachent du reste pas: s’ils affichent des estimations trop élevées, c’est pour mieux attirer l’attention de leurs prospects!
Les vendeurs sont donc bien inspirés de ne pas se laisser emballer par des chiffres trop élevés. Sinon, le retour sur Terre est bien douloureux au moment d’apprendre le vrai prix de son bien immobilier: il a toutes les chances d’être bien plus bas que les promesses faites par un site internet gratuit.
Lire notre article «Des estimations de prix majoritairement surévaluées»
Yves Genier