Comme nombre de clients de Postfinance à la fin 2022, une lectrice du Nord vaudois s’est vue demander par la banque postale de communiquer le montant et l’origine de ses revenus. Raison invoquée pour cette demande par l’établissement: l’obligation de «tenir nos dossiers clients à jour (pour respecter ainsi les exigences légales)».
Dans de nombreux cas similaires survenus au même moment, Postfinance alléguait la nécessité de se conformer à la Loi sur le blanchiment d’argent. Elle s’appuyait sur le régime particulier qu’elle avait conclu avec la Finma qui lui permettait de procéder par échantillonnage de façon semi-automatisée. Nombre de clients s’y étaient opposés et soupçonnaient la banque de chercher à recueillir le plus de données personnelles possibles sur ses clients en jouant avec les limites de la loi (lire aussi notre article «Ma banque me soupçonne de blanchir de l'argent»).
Invitation impérative
C’est en novembre 2022 que notre lectrice a reçu de Postfinance une invitation à remplir le fameux formulaire consignant le montant et la source de ses revenus dans le délai d’un mois. Elle s’est exécutée, à l’exception de la mention des revenus, question qu’elle estimait «indiscrète». Postfinance lui a donc envoyé deux rappels. Le second avertissait que, faute de réponse au 21 février 2023, «votre relation d’affaire ne peut être maintenue».
Face à la persistance du silence, c’est ce qui s’est passé: tous les comptes ont été bloqués, avec les cartes de débit et de crédit ainsi que les ordres de paiement permanents qui y étaient associés.
Face à ce sérieux désagrément, notre lectrice a notifié fin janvier 2023 Postfinance de la résiliation de tous ses comptes, après «plus de 40 ans» de fidélité.
Interrogé par notre rédaction, Postfinance explique que «les clients peuvent envoyer le formulaire signé sans remplir les passages. Les informations sur la profession, le revenu et l’employeur sont facultatives, aucune information obligatoire n’est demandée sur le formulaire. Il est important que les clients renvoient le formulaire signé». Cette pratique avait en effet été annoncée fin février de l’an dernier. Trop tard pour notre lectrice vaudoise, qui s’était vue signifier la porte de la banque.