Le coût d’un séjour à l’étranger peut être sérieusement affecté selon la carte de crédit ou de débit utilisée. Le taux de change entre le franc et l’euro n’est pas le même selon la carte. La différence, sur un budget de 1000 fr. (par exemple pour un séjour d’une semaine en France ou en Italie), peut atteindre 40 fr. Soit l’équivalent de deux plats du jour avec boisson sur une terrasse ensoleillée.
La conversion entre francs et monnaies étrangères est appliquée selon des méthodes de calcul fort différentes selon les cartes. Ces différences résultent des taux de change effectivement appliqués, mais aussi des frais de transaction, lesquels sont ajoutés par de nombreuses cartes à la facture finale adressée au titulaire de la carte. (voir tableau ci-dessus)
La plus chère
La carte offrant le taux de change effectif le plus avantageux pour l’utilisateur est celle de Revolut: pour dépenser un euro, le consommateur s’est vu débiter 0,96 centime exactement sur son compte en francs.
Les plus onéreuses pour le consommateur sont les cartes cashback de Swisscard: pour dépenser un euro, le consommateur a déboursé 1,00165 fr. très précisément. La différence est donc de 4,0016 centimes, soit environ 4%. A noter que l’une d’entre elles, l’American Express, rembourse 1% du montant de la dépense.
En reportant ces taux de change appliqués sur l’entier d’un budget de voyage de 1000 fr., cela donne une différence de 40 fr. environ. Sachant que l’on peut manger un plat du jour dans un restaurant (moyennement) touristique à pour la moitié de ce prix-là, l’on économise par conséquent un repas pour deux en utilisant une carte à taux de change avantageux par rapport aux cartes coûteuses.
Budget de vacances
Ce constat est le résultat d’une enquête menée conjointement par notre rédaction et l’émission On en parle de la radio RTS La 1e au cours du mois de mars. Cette enquête a porté sur 48 cartes de crédit et de débit (et une carte prépayée) émises par 23 banques et autres émetteurs. La sélection a exclu les «paquets bancaires» (offres groupées de comptes et de cartes) là où leurs tarifs sont disponibles afin de rendre la comparaison plus claire. Le recours à ces paquets peut réduire certains frais.
Pour rendre la comparaison pertinente, notre enquête s’est basée sur le taux de change appliqué par les cartes pour un achat dans un pays de la zone euro le 8 mars à 11h30. Elle leur a aussi demandé de décomposer les différentes composantes du calcul appliqué: quels taux de change a effectivement été appliqué et le montant des éventuelles commissions de transactions et frais divers.
Les frais s’additionnent
Les taux de change peuvent varier d’une carte à l’autre. Ces variations dépendent du jour et de l’heure de la comptabilisation de la transaction, qui peuvent être différents (généralement pas plus de deux à trois jours) de celle de la transaction. Or, le taux de change sur les marchés financiers varie constamment. Pour simplifier la démarche, nous avons adopté le taux de change moyen pour le 8 mars publié par la Banque nationale, qui était de 0,9585 franc pour un euro.
Banques et cartes ajoutent leur marge au taux de change des marchés financiers. C’est ce qui explique que leurs taux soient généralement plus élevés: de 0,96 fr. (Revolut) à 0,9892 fr. pour les deux cartes de crédit (Visa et Mastercard) de la banque Migros. Cet écart entre banques se monte presque à 3% du total.
A ces ajustements de taux de change par le haut, la plupart des banques et émetteurs de cartes ajoutent encore des commissions de paiements en euros, commissions qui peuvent, dans certains cas, être incluses dans les frais de carte en général (facturation, etc.). Ces commissions s’échelonnent de 0,48% (Carte Wise) à 2,5% (plusieurs cartes) de la somme changée. Six cartes appliquent des commissions au forfait.
Huit cartes ne facturent pas de commission: Mastercard Debit de CSX (Credit Suisse), Mastercard Debit de la Banque cantonale de Berne, Visa Free et Visa Cumulus de la banque Migros, Mastercard Debit des néobanques Yuh et Revolut, Visa Debit et la carte Mastercard prépayée de la néobanque Neon.
Lorsque l’on ajoute la commission au taux de change appliqué par les banques et les émetteurs de carte, l’on trouve le taux de change facturé au client. Ce résultat est alors comparé au taux de change moyen de la Banque nationale pour établir le surcoût payé par le consommateur. Ce surcoût s’échelonne de 0,16% chez Revolut à 4,5% pour les cartes cashback de Swisscard.
Une enquête menée en collaboration avec On en parle - Tatiana Silva de Sousa, Bastien von Wyss et Isabelle Fiaux, RTS
Frais et gains supplémentaires
Sur l’échantillon retenu, 13 cartes facturent une cotisation annuelle entre 96 fr. et 100 fr., deux cartes sont facturées 50 fr. la première année et 100 fr. les années suivantes. Quatorze autres facturent une cotisation annuelle de 10 à 50 fr. Quatre cartes sont facturées une seule fois, pour des montants ne dépassant pas 10 fr., et 15 cartes, sont gratuites.
En contrepartie, elles offrent des prestations d’assurance, par exemple en cas d’annulation de voyage ou de retour d’achats. Plusieurs d’entre elles offrent aussi des points bonus, une forme de remboursement partiel sur les dépenses de leurs détenteurs. Les détails de ces offres figurent dans les conditions générales des contrats de cartes de crédit et varient d’une carte à l’autre.
Si l’on ajoute le montant de la cotisation annuelle aux surcoûts des taux de change appliqués aux clients, les différences de prix pour l’utilisation d’une carte à l’étranger sont encore plus importantes: entre la carte Wise, à cotisation unique de 5,90 fr. et au taux de change le plus avantageux, et la carte Visa Classic de Valiant, dont la cotisation annuelle se monte à 100 fr. et le taux de change est le plus élevé des cartes à cotisation de 100 fr., la différence, pour un budget de 1000 fr. est de 130,38 fr., soit plus de 13%.
Valiant explique que sa carte de crédit peut être intégrée à un paquet de prestations qui en réduit le coût. D’autres banques ont des offres similaires, dont les banques cantonales de Berne, du Valais et du Jura.