Un lecteur du canton du Jura a fait installer des panneaux solaires sur le toit de sa maison en juin 2023. Il lui a fallu toutefois attendre le mois d’octobre avant que l’électricité pro-duite et injectée dans le réseau ne lui soit rétribuée.
En effet, l’entreprise d’électricité bernoise BKW Energie AG, qui gère les réseaux électriques jurassiens, n’arrive pas à suivre le nombre de demandes d’installations solaires. Notre lecteur a injecté 4549 kilowattheures (kWh) entre le 26 juillet et le 10 octobre. Au total, il aurait dû toucher 394,20 fr., avec une rétribution fixée à 8,66 ct/KWh à l’époque.
Or, BKW considère que l’autorisation n’est complète que lorsqu’un compteur BKW a été installé – ce que l’entreprise a mis quatre mois à faire.
Le cas n’est pas isolé, puisqu’il s’applique aussi à trois autres clients de BKW, avec lesquels Mon Argent s’est entretenu. Le retard fait perdre un temps précieux sur l’amortissement de leur investissement. L’affaire rappelle celle des fournisseurs romands Groupe E Celsius et Romande Energie: les entreprises avaient refusé l’indemnisation du courant injecté pour cause de compteurs défectueux (Mon Argent 03/2024).
BKW reconnaît son retard
L’entreprise d’électricité bernoise admet une surcharge de ses services et que les procédures d’autorisation ont été fortement retardées. Elle refuse néanmoins de payer l’électricité injectée dans le réseau a posteriori. Selon elle, le raccordement des panneaux solaires n’aurait pas dû avoir lieu avant l’installation du compteur électrique. L’entreprise publique affirme en outre ne pas profiter de l’électricité injectée: comme elle ne peut pas établir clairement sa provenance, elle ne peut pas la vendre sur le marché.
Walter Sachs, président de l’association des producteurs d’énergie indépendants (VESE), confirme les dires de BKW selon laquelle l’injection de courant ne peut s’effectuer qu’avec une autorisation préalable. Il s’indigne toutefois des mois d’attente pour installer un compteur et qu’il ne soit pas possible entre temps de produire son propre courant pour son utilisation personnelle.
Les BKW assurent avoir pris des mesures, après des négociations avec la VESE et des demandes répétées de notre rédaction. La situation serait en voie de s’améliorer: depuis mars, BKW «a déjà pu réduire de 40% le nombre de demandes ouvertes sur les quatre derniers mois, malgré un afflux toujours record». D’ici la fin de l’année, selon les indications de BKW, les délais de traitement devraient revenir à l’état normal.
Jocelyn Daloz