Le placement dont Raiffeisen fait la promotion est un produit structuré. Un instrument financier accessible au grand public mais qui échappe à la surveillance de la Finma, le gendarme de la finance helvétique.
Son fonctionnement est le suivant: une banque agrège les titres de plusieurs origines. Cela peut être un mélange d’actions, d’obligations et même d’un instrument dérivé afin de bénéficier au maximum de la performance des premières, de la protection des secondes contre les risques de baisse, le troisième étant destiné à accroître la performance ou la protection, selon les produits. C’est donc un instrument de spéculation accessible au grand public.
Les termes employés ont aussi leur signification. «Callable multi barrier reverse convertible» signifie que le produit peut être arrêté par la banque avant l’échéance («callable»), notamment si l’un des titres sous-jacents voit sa valeur de marché baisser en dessous d’un cours prédéterminé (la ou les «barrières») et que le produit peut être remboursé avec un ou plusieurs titres constitutifs («reverse convertible»). En clair, le client prend le risque que les promesses de rendement à l’échéance ne soient pas tenues.
L’acquéreur du produit structuré de Raiffeisen «Callable Multi Barrier Reverse Convertible sur ABB, Nestlé, Roche et UBS» conclut un contrat qui dure de 12 à 24 mois. En contrepartie, les investisseurs reçoivent tous les trois mois un intérêt de 1,75%, soit 7% par an. Mais si l’une des quatre actions (ou bon) des entreprises ABB, Nestlé, Roche ou UBS perd plus de 50% de sa valeur pendant la durée du contrat, les acheteurs reçoivent des actions à la place d’espèces. Et plus précisément, l’action qui a le plus reculé.
La «fiche d’information de base» du produit indique les risques encourus par les clients: dans le meilleur des cas, le gain de l’investisseur atteint 20,17% par an. Dans le pire des cas, la banque s’attend à ce que le consommateur subisse une perte de 82,23% de son investissement. Avec les produits structurés, c’est comme au casino: en fin de compte, c’est toujours la banque qui gagne.
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