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Les débats en cours sur les réformes des systèmes de retraite se sont beaucoup focalisés sur le relèvement de l’âge de départ. La réforme du deuxième pilier engagée par les Chambres fédérales se concentre aussi sur l’accroissement des cotisations ou l’abaissement des prestations via le réglage de divers instruments techniques comme l’abaissement du taux de conversion.
Mais un élément important demeure absent des discussions: comment améliorer le rendement de l’immense fortune accumulée de la prévoyance professionnelle pour en faire bénéficier les 4,3 millions de cotisants et 1,2 million de retraités. Dépassant 1150 milliards de francs (une fois et demie le PIB), celle-ci est placée dans des actifs (actions, obligations, immobilier, etc.) dont les rendements alimentent l’épargne des retraites, en plus des cotisations payées par les salariés, leurs employeurs et les indépendants. Ce «troisième cotisant» est l’une des raisons d’être du système de retraite par capitalisation. C’est pourquoi il est prévu et réglementé par la Loi sur la prévoyance professionnelle (LPP).
Or, un très grand nombre d’affiliés n’en profite pas autant qu’ils le méritent. La faute en revient certes un peu aux baisses boursières (-10% en 2022), mais celles-ci sont vite rattrapées (les bourses avaient progressé de presque 20% en 2021). En revanche, les responsables de la gestion sont souvent à blâmer: pour de mauvais choix d’investissement, pour leurs tarifs (la gestion de la fortune du 2e pilier coûte plus de cinq milliards de francs par an) et surtout pour des politiques de placement particulièrement averses aux risques, et donc fort peu rémunératrices pour leurs clients: les institutions de prévoyance et leurs millions d’affiliés. En bref: les gestionnaires, confortablement payés, rapportent insuffisamment à leurs clients, les retraités et futurs retraités.
Ce sont surtout les compagnies d’assurance sur la vie – Swiss Life, Axa, Baloise, Helvetia, Allianz, Pax, Zurich, Mobilière et Generali – qui affichent les contreperformances les plus flagrantes. La rémunération des avoirs de prévoyance qu’elles allouent à leurs clients est systématiquement clairement inférieure à celle offerte par les institutions de prévoyance qui assument elles-mêmes la plupart de leurs risques. Certes, la loi contraint les assureurs à des placements plus prudents, donc moins rémunérateurs, que les autres gestionnaires. Mais elles cherchent systématiquement à réduire encore les rémunérations prévues par la loi: chaque année, elles plaident pour un abaissement du taux de rémunération minimal, ce qui accroît leurs profits. La logique économique l’emporte: leurs actionnaires passent avant leurs assurés.
Pour l’affilié, cette course vers le bas a une conséquence: ses rentes s’en trouveront réduites de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de francs par mois lorsqu’il arrivera à la retraite, et il devra vivre avec ce manque de ressources jusqu’à la fin de ses jours.
Le salarié n’a certes pas le choix de sa caisse de pension puisque celle-ci est prévue par l’employeur. Mais il peut exiger qu’elle fasse preuve de plus de générosité. Comment? En approchant ses représentants auprès de la direction de son institution de prévoyance, en exigeant qu’elle confie son argent à des gérants compétents, plus généreux et moins chers. L’effort en vaut la peine: un sérieux gain de niveau de vie pour les vieux jours.
Yves Genier
Rédacteur en chef
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